Paris, France – Le Premier ministre français François Bayrou a convoqué ce mardi 24 juin 2025, à Matignon, les organisations syndicales et patronales pour tenter de relancer le dialogue sur la réforme des retraites, après l’échec du conclave social qui s’est conclu dans la nuit. Quatre mois de négociations n’auront pas suffi à surmonter les désaccords, mais Bayrou refuse de « baisser les bras si près du but ».
La concertation avait été mise en place pour réévaluer certains volets sensibles de la réforme controversée de 2023, notamment sous la pression du Parti socialiste, qui avait alors conditionné son soutien au budget 2025 à l’ouverture de ce dialogue. Le Premier ministre s’était engagé à présenter ses conclusions devant le Parlement français.
Les syndicats, emmenés par la CFDT, exigent des mécanismes de départ anticipé à la retraite pour les métiers pénibles. En face, le patronat — notamment le Medef et la CPME — propose des mesures alternatives comme la reconversion ou la prévention, mais refuse toute augmentation des cotisations sociales.
« Le patronat ne veut pas avancer sur la réparation de la pénibilité. C’est un échec de la négociation », a déclaré Yvan Ricordeau (CFDT).
« Nous avons gardé une ligne claire : pas d’augmentation de charges », a rétorqué Diane Milleron-Deperrois (Medef).
La CPME, de son côté, s’est dite « prête à poursuivre le dialogue » malgré l’impasse.
François Bayrou a toutefois rappelé qu’un consensus partiel était sur le point d’être atteint sur plusieurs sujets importants. D’une part, les discussions portaient sur l’amélioration des droits à la retraite des mères de famille, d’autre part, sur l’âge de départ à taux plein, ainsi que sur le principe d’un âge pivot permettant de garantir l’équilibre financier du système.
Par ailleurs, la réforme adoptée en 2023, qui fixe l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans pour les générations nées après 1968, reste inchangée. Malgré son impopularité persistante dans l’opinion publique française, aucun retour en arrière n’est envisagé sur ce point-clé, que le gouvernement considère comme acquis.
Dans ce contexte, l’échec du conclave vient fragiliser davantage François Bayrou à la tête du gouvernement français. En effet, La France insoumise a immédiatement appelé à une motion de censure, tandis que le Parti socialiste menace également de se désolidariser si la réforme n’est pas rapidement débattue à l’Assemblée nationale.
Comme l’a déclaré Olivier Faure, Premier secrétaire du PS:« Si Bayrou n’engage pas la responsabilité du gouvernement sur les retraites, nous irons vers la censure. »
Cependant, en l’absence du soutien du Rassemblement national, qui a d’ores et déjà indiqué qu’il ne s’y associerait pas, le gouvernement semble, pour l’instant, hors de danger.
Alors que les débats budgétaires de l’été et de l’automne se profilent à l’horizon, l’exécutif français joue gros. Le dossier des retraites constitue toujours une ligne de fracture majeure, tant au sein de la majorité que dans l’opinion publique.
François Bayrou a promis de « tout faire » pour surmonter ce blocage, annonçant la présentation de propositions concrètes de financement d’ici mi-juillet.
Néanmoins, en l’absence d’un compromis clair sur la question de la pénibilité, et sans refonte de la gouvernance du système de retraite, le spectre d’une nouvelle crise politique continue de planer au-dessus de Matignon.