À l’approche du sommet très attendu entre Donald Trump et Vladimir Poutine, prévu le vendredi 15 août à Anchorage, en Alaska, Bruxelles et les capitales européennes redoublent d’efforts pour influencer le président américain en faveur de l’Ukraine. Derrière cette mobilisation, une crainte persistante : voir Washington et Moscou sceller un compromis bilatéral qui, sous couvert de paix, se transformerait en piège diplomatique pour Kiev, l’obligeant à consentir à des concessions territoriales irréversibles.
C’est dans ce contexte tendu que le chancelier allemand, Friedrich Merz, a pris l’initiative d’organiser, mercredi 13 août, une visioconférence avec Donald Trump et son vice-président, JD Vance. Autour de la table virtuelle figuraient Volodymyr Zelensky ainsi que les dirigeants de l’Italie, de la France, du Royaume-Uni, de la Pologne et de la Finlande. À l’exception notable de la Hongrie, les Européens ont insisté sur un point central : l’Ukraine doit rester seule maîtresse de son destin, et toute négociation ne saurait être envisagée qu’après un cessez-le-feu durable et vérifiable.
Sur le terrain, la situation reste alarmante. L’armée russe, occupant déjà près de 20 % du territoire ukrainien, avance encore dans la région de Donetsk, notamment au nord-est de Pokrovsk. Zelensky accuse Moscou de préparer de nouvelles offensives et qualifie la rencontre Trump-Poutine de « victoire personnelle » pour le maître du Kremlin. Pour lui, céder ne serait-ce qu’un fragment de territoire équivaudrait à tomber dans un piège soigneusement tendu par la Russie : légitimer ses conquêtes et ouvrir la voie à de futures agressions.
Les exigences russes sont claires et inflexibles : reconnaissance du contrôle sur quatre régions partiellement occupées — Donetsk, Louhansk, Zaporijjia et Kherson — ainsi que sur la Crimée annexée en 2014 ; arrêt total des livraisons d’armes occidentales ; renoncement définitif de l’Ukraine à toute adhésion à l’Otan. Des conditions jugées inacceptables par Kiev, qui réclame, au contraire, le retrait complet des troupes russes et des garanties de sécurité robustes, incluant la poursuite des livraisons d’armements et, si nécessaire, le déploiement d’un contingent européen.
Donald Trump, qui avait promis de mettre fin à la guerre en « 24 heures » une fois revenu à la Maison Blanche, adopte aujourd’hui une posture plus nuancée. S’il affirme vouloir « tâter le terrain » avec Vladimir Poutine, il laisse entendre que des « échanges de territoires » pourraient être discutés. Une suggestion qui alarme Kiev et ses soutiens, perçue comme l’acceptation tacite d’un marché de dupes : une paix rapide mais au prix d’un démembrement durable de l’Ukraine.