La nomination du nouveau gouvernement par Sébastien Lecornu ce dimanche 5 octobre ne passe pas inaperçue. Alors que le Premier ministre, succédant à François Bayrou, se voulait porteur de rupture et de compromis, son équipe reflète surtout une étonnante continuité. Plusieurs ministres historiques conservent leurs portefeuilles : Rachida Dati à la Culture, Bruno Retailleau à l’Intérieur ou encore Gérald Darmanin au Budget. Un tiers de l’équipe est renouvelé, avec le retour remarqué de Bruno Le Maire aux Armées après sept années à Bercy, mais la sensation générale est celle d’un gouvernement très proche de l’ancien, presque identique à celui de Bayrou.
Cette décision a immédiatement déclenché des tensions au sein des Républicains. Bruno Retailleau, favorable à la participation du parti, déplore que la composition de l’équipe « ne reflète pas la rupture promise » et convoque un comité stratégique pour demain. Rachida Dati, au contraire, défend sa présence et fustige ceux qui « jouent le chaos et le désordre ». David Lisnard, vice-président du parti, va jusqu’à menacer de quitter Les Républicains si cette participation est confirmée, dénonçant un choix « sans consultation des instances ».
L’opposition ne ménage pas non plus ses critiques. Marine Le Pen parle d’un gouvernement « pathétique » et « identique » à l’ancien, tandis que Boris Vallaud (PS) accuse les macronistes de « plonger le pays dans le chaos ». Jean-Luc Mélenchon raille le « cirque » provoqué par les doutes de Retailleau et François Ruffin appelle à des élections anticipées pour « changer de sélectionneur à l’Élysée ».
Face à ces réactions, Lecornu assume. Pour le Premier ministre, son équipe « rassemble et reflète le socle commun qui nous soutient au Parlement ». Il demande à ses ministres d’être « des négociateurs » et de « trouver des compromis avec l’ensemble des parlementaires », rappelant que « la vraie rupture sera décidée par le Parlement ». Une première réunion de l’équipe est prévue demain au palais de l’Élysée, suivie d’une prise de parole d’Aurore Bergé, nouvelle porte-parole du gouvernement.
Entre continuité et tensions politiques, le gouvernement Lecornu marque le début d’un quinquennat déjà secoué par les divisions internes et les critiques de l’opposition. L’impression générale est claire : le changement annoncé tarde à se matérialiser, et la tempête politique pourrait ne faire que commencer.