À deux semaines de Noël, le président américain Donald Trump intensifie la pression sur Volodymyr Zelensky, lui accordant « quelques jours seulement » pour se prononcer sur une proposition de paix révisée, incluant des concessions territoriales à la Russie.
Dans un entretien fleuve accordé à Politico le 8 décembre 2025, Trump a exprimé sa frustration face au retard de Kiev, affirmant que Zelensky « n’a même pas lu la dernière version » du plan américain, qualifié de « cadre raffiné » par ses émissaires. Mais l’ancien président n’a pas limité ses critiques à l’Ukraine : il a également lancé une charge virulente contre les dirigeants européens, qu’il juge « faibles », accusant le Vieux Continent de sombrer dans un « déclin » voire une « disparition civilisationnelle », conséquence selon lui d’une immigration incontrôlée.
Le plan en question, initialement en 28 points et réduit à 20 selon Kiev, prévoit un retrait ukrainien du Donbass et de zones côtières stratégiques, en échange de garanties de sécurité américaines « robustes » mais floues, financées via des actifs russes gelés. Trump, qui espère une signature avant le 25 décembre – après un report de la deadline initiale de Thanksgiving – martèle que la Russie, « un pays bien plus grand », détient « la main forte » et que l’Ukraine « perd du terrain, surtout sur les côtes clés ». « Beaucoup de gens meurent, ce serait vraiment bien s’il le lisait ! », a-t-il insisté, laissant entendre qu’un refus de concessions rapides pourrait remettre en cause le soutien américain et exposer Kiev à une « chute inévitable ».
Les négociations, conduites par Jared Kushner et l’envoyé spécial Steve Witkoff à Genève, Miami et bientôt Moscou, ont connu des avancées partielles. En novembre, un haut responsable américain affirmait que Kiev avait « accepté un accord de paix », ne restant que « quelques détails mineurs » à régler. Le Kremlin, lui, attend une version alignée sur les discussions Trump-Poutine d’août en Alaska.
Au cœur de ces critiques, Trump relie l’inaction européenne à son échec à contrôler l’immigration, qu’il présente comme une « menace existentielle ». Il a ainsi salué les politiques fermes de la Hongrie et de la Pologne, tout en fustigeant le maire de Londres Sadiq Khan, élu selon lui grâce à un afflux d’immigrés « qui votent pour lui ». Cette posture s’inscrit dans la nouvelle stratégie nationale de sécurité américaine, publiée le 5 décembre, alertant sur une « érosion civilisationnelle » de l’Europe et recyclant des thèmes d’extrême droite, comme le « grand remplacement ». Trump n’hésite pas à promettre son soutien à des candidats européens partageant sa vision, suscitant l’ire de Bruxelles : « J’endosserais. J’ai déjà endossé des gens que beaucoup d’Européens n’aiment pas, comme Viktor Orbán », a-t-il déclaré.
Zelensky, affaibli par un scandale de corruption, a maintenu une position ferme après une rencontre cruciale le 8 décembre à Londres avec Keir Starmer, Giorgia Meloni, Emmanuel Macron et Friedrich Merz. « Ni légalement ni moralement, je ne peux céder un pouce de notre sol ; la Constitution l’interdit », a-t-il affirmé sur X, promettant de soumettre un « plan de paix révisé » à Washington dès le 10 décembre. S’appuyant sur des garanties européennes et un financement via les actifs russes gelés, Zelensky prévoit des élections en Ukraine « dans 60 à 90 jours » si la sécurité est assurée, contredisant Trump qui l’accuse de reporter les scrutins depuis 2022 et de transformer l’Ukraine en « non-démocratie ».
Les réactions européennes ne se sont pas fait attendre, révélant des fissures transatlantiques profondes. Yvette Cooper, ministre britannique des Affaires étrangères, a souligné les efforts du continent – « des centaines de milliards pour la défense et Kiev » – et accusé Poutine d’escalader avec des frappes de drones et missiles. Emmanuel Macron a réaffirmé le soutien français et européen, appelant à maintenir la pression via les sanctions pour une paix « juste ». Friedrich Merz a rejeté l’idée que les États-Unis devaient « sauver la démocratie » en Europe, et António Costa, président du Conseil européen, a fustigé toute tentative d’ingérence dans les élections européennes. Même le pape Léon XIV, après une audience avec Zelensky, a salué le plan Trump comme un « grand changement » pour les relations euro-américaines, tout en plaidant pour une résolution humanitaire.
À l’approche de Noël, le sort de l’Ukraine – et de l’Alliance atlantique – se joue dans les prochains jours. L’Europe, qualifiée de « faible » par Washington, doit se réinventer face à cette tempête diplomatique et aux ingérences promises par Trump, tandis que les scrutins cruciaux à venir révéleront si le continent saura « cultiver la résistance » ou succomber à ses démons intérieurs.

























