Paris, 12 décembre 2025 – Un scandale secoue actuellement le secteur de l’aide sociale à l’enfance (ASE) en France. Le cas d’un enfant de 8 ans tondu dans le foyer Jenner, dans le 13e arrondissement de Paris, met en lumière des dysfonctionnements profondément ancrés : maltraitances, manque de ressources et protection judiciaire insuffisante pour les mineurs vulnérables. Ce drame, loin d’être un incident isolé, agit comme un catalyseur pour des réformes longtemps attendues.
Les images, tournées en février 2025 et diffusées le 9 décembre par franceinfo, montrent un garçon torse nu, bras croisés, se faire raser la tête par une éducatrice du foyer Jenner, géré par l’association Jean-Cotxet. L’acte, présenté comme une « punition » pour des poux résistants, était accompagné de moqueries telles que « On va t’appeler double face ». La direction du foyer a tenté de justifier l’incident par une « erreur de coiffeur », sans le consentement de la mère.
Face à l’indignation, le parquet de Paris a ouvert une enquête pour « violences volontaires sur mineur par personne ayant autorité ». La Ville de Paris a diligenté une inspection administrative, examinant les dossiers des 60 enfants hébergés pour détecter d’éventuelles autres maltraitances. L’éducatrice impliquée a été suspendue, et l’équipe éducative a été largement remaniée.
La Défenseure des droits, Claire Hédon, s’est autosaisie du dossier, qualifiant les faits d’« épouvantables », tandis que la ministre de la Santé, Stéphanie Rist, a dénoncé une « atteinte grave à la dignité » de l’enfant. Sur les réseaux sociaux, la vidéo a suscité une vague d’indignation, relançant le débat sur le recrutement laxiste des éducateurs et la protection des mineurs.
Le 11 décembre, l’Assemblée nationale a adopté à l’unanimité une proposition de loi portée par la députée Ayda Hadizadeh, rendant obligatoire la présence d’un avocat pour tout enfant sous mesure d’assistance éducative, soit environ 380 000 mineurs en France. L’avocat intervient dès la décision du juge des enfants, préparant les audiences, alertant sur les maltraitances et contestant les placements inadaptés.
Comme le souligne Lyes Louffok, cofondateur du Comité de vigilance des enfants placés : « Si cet enfant avait eu un avocat, les faits auraient été révélés bien plus tôt, voire évités. » Le texte, inspiré d’expérimentations positives à Nanterre, a reçu le soutien bipartisan et doit maintenant être examiné au Sénat.
Malgré cette avancée, l’ASE reste confrontée à des défis majeurs. Avec un budget de 11 milliards d’euros en 2023 (soit 41 000 €/enfant/an), le système est miné par des manquements structurels : maltraitances physiques et sexuelles, foyers sous-staffés, inspections lacunaires et responsabilités floues entre État et départements. Selon le rapport d’enquête parlementaire de 2025, 49 % des enfants placés présentent des troubles psychiques, et 1 sur 4 devient sans-abri à l’âge adulte.
La ministre Rist prévoit un projet de loi pour le premier trimestre 2026, mais des militants appellent déjà à des mesures plus ambitieuses : formations renforcées, contrôles systématiques et défense active des droits des enfants.
Le scandale du foyer Jenner semble enfin pousser les politiques à agir, avec la présence obligatoire d’un avocat comme premier contre-pouvoir pour les enfants. Mais pour Lyes Louffok, ce n’est qu’un premier pas : « Les affaires vont sortir parce que des avocats vont les médiatiser, mais le système reste défaillant. » Alors que la campagne municipale à Paris pourrait mettre l’ASE au cœur du débat public, l’urgence de réformes profondes et durables reste plus que jamais d’actualité.


























