Depuis sa création en 1994, le Paradou AC a toujours été considéré comme un modèle du football algérien et africain, en particulier grâce à son académie de formation, reconnue à l’international sous le nom d’El Ankaoui. Pourtant, aujourd’hui, le club de Hydra traverse une crise sans précédent : après six journées de championnat de Ligue 1, il n’a enregistré qu’un seul point sur dix-huit possibles.
Plusieurs facteurs expliquent cette situation préoccupante, mais l’absence prolongée de son président, Kheïreddine Zetchi, depuis novembre 2024, pèse lourdement sur le club. Ancien président de la FAF (2017-2021), Zetchi reste une figure incontournable dont le rôle dépasse largement la simple gestion administrative. Son absence fragilise le fonctionnement du club, malgré les efforts indéniables du reste de la direction, et menace aujourd’hui non seulement le parcours sportif des Académiciens mais également l’avenir de leur prestigieuse académie.
Le Paradou AC a toujours fonctionné sur ses propres ressources, contrairement à de nombreux clubs algériens dépensant des milliards de dinars sans résultats probants. L’académie du club a fourni de nombreux joueurs aux différentes sélections nationales, et chaque équipe de Ligue 1 compte au moins un joueur passé par El Ankaoui. Ce système de formation, pilier du soft-power sportif algérien, est aujourd’hui en danger si le club venait à s’effondrer sportivement et structurellement.
La saison 2024-2025 avait déjà laissé entrevoir des difficultés : le club avait frôlé la quatrième place et perdu plusieurs éléments clés, tels que les Boulbina, Kaâssis ou Abderrahmane Berkkour, sans oublier les blessures de Hamza et Kohili. Pour compenser, sept jeunes de l’équipe réserve ont été promus, mais après sept journées, ils peinent encore à s’imposer et à créer la cohésion nécessaire.
Le départ de l’entraîneur Bilel Dziri après seulement quatre journées, remplacé par le Tunisien Sofiane Hidoussi, n’a pas inversé la tendance. Les trois dernières défaites – deux à domicile contre Akbou (1-2) et la JS Kabylie, et une en déplacement contre le MC Oran (1-3) – ont confirmé l’image d’une équipe perdue sur le terrain, avec une défense fragile et une attaque inefficace. La confrontation avec la JS Kabylie, armada de talents en pleine forme, a encore aggravé cette perception.
Malgré tout, le championnat n’est pas terminé : 69 points restent en jeu et le Paradou a toutes les cartes en main pour redresser la barre. La priorité reste de reconstruire la cohésion, retrouver les automatismes et surtout la confiance. Le club doit réaffirmer son identité, celle qui a fait sa renommée : talent, audace et rigueur dans la formation.
Le Paradou doit donc se battre pour survivre, car au-delà des points et des défaites, c’est tout un système de formation et une vision du football qui sont aujourd’hui menacés.