Des experts des Nations Unies ont rédigé un rapport annuel confidentiel dans lequel ils interdisent à qui que ce soit d’assister à la prochaine conférence sur la cryptomonnaie qui se déroulera en Corée du Nord du 20 au 29 février 2020. Reuters, qui a vu un extrait de ce rapport, rapporte que ce compte-rendu devrait être soumis au Conseil de sécurité des Nations Unies vers la fin de ce mois de janvier 2020.
La raison de cette prohibition serait que des experts indépendants des Nations Unies ont déclaré au Conseil de sécurité des Nations Unies, en août 2019 que la Corée du Nord avait généré 2 milliards de dollars environ pour ses programmes d’armes de destruction massive en recourant à des cyberattaques « généralisées et de plus en plus sophistiquées » qui visaient les banques et les plateformes d’échanges de cryptomonnaies.
Pour rappel, l’ONU a frappé la Corée du Nord de sanctions depuis 2006 en raison de ses programmes de missiles nucléaires et balistiques. D’ailleurs, les 15 membres du Conseil de sécurité ont unanimement accepté de renforcer ces sanctions au fil des années, contraignant la capitale de la Corée du Nord Pyongyang à rechercher d’autres sources de revenus.
Assister à la conférence de la Corée du Nord sur les cryptomonnaies, c’est violer les sanctions américaines
Justement, la Corée du Nord a entrepris de tenir sa première conférence sur la blockchain en avril 2019. Selon la déclaration d’un organisateur à Reuters, plus de 80 organisations y ont participé. Un Américain y était même présent…pour son grand dam. En effet, ledit Américain s’appelait Virgil Griffith, expert en monnaie numérique et titulaire d’un doctorat du California Institute of Technology. Il fut accusé d’avoir violé les sanctions américaines et fût officiellement inculpé plus tôt ce mois de janvier 2020. Les procureurs américains l’accusent, en effet, de fournir des services à la Corée du Nord sans l’approbation des Etats-Unis et, ainsi, de transgresser les lois américaines.
Lors de l’arrestation de Griffith en novembre 2019, les procureurs ont déclaré que d’autres participants et lui avaient discuté de la manière d’utiliser la technologie de cryptomonnaie pour aider Pyongyang à blanchir de l’argent et s’affranchir des sanctions. Dans l’extrait du rapport des experts des Nations Unions, ceux-ci écrivent que « le récent acte d’accusation d’un Américain pour violation des sanctions met en lumière l’objectif de la conférence ». Mais si cet Américain s’est fait pincer, le site web de la conférence en Corée du Nord interpelle particulièrement les Américains de venir assister à la conférence et leur promet même que leurs passeports ne seront pas estampillés. Autrement dit, « il n’y aura aucune preuve de votre entrée dans le pays ».
La Corée du Nord chercherait principalement à générer des revenus et développer ses programmes de missiles
L’extrait du rapport des experts des Nations Unies vu par Reuters rappelle que les sanctions obligent les pays à ne pas fournir de « transactions financières, de formation technique, des conseils, services ou assistance » si ces pays estiment que cela pourrait contribuer à aider la Corée du Nord dans ses programmes de missiles nucléaires ou balistiques ou encore à détourner les sanctions. Le rapport complet devrait être soumis au comité des sanctions du Conseil de sécurité des Nations Unies pour la Corée du Nord à la fin de ce mois de janvier 2020.
Par ailleurs, un représentant du gouvernement britannique et un diplomate du Conseil de sécurité d’un autre pays, tous deux sous couvert d’anonymat, ont déclaré que le cyber-programme de la Corée du Nord avait été utilisé pour collecter des informations, outrepasser les sanctions et générer des revenus. Le porte-parole britannique ajoute également que :
Soutenir l’utilisation par la RPDC (République Populaire Démocratique de Corée) des technologies de cryptomonnaie et de blockchain risque de violer les résolutions du Conseil de sécurité car cela augmenterait inévitablement la capacité de la RPDC à renverser les sanctions et à générer des revenus pour ses programmes d’armes.
La question qui se pose maintenant est de savoir si les avertissements des experts des Nations Unies parviendront à dissuader les potentiels participants d’assister à cette conférence.