L’Arabie saoudite a décidé unilatéralement de baisser les prix du pétrole. Riad a appliqué la plus grande baisse de prix au cours des 20 dernières années
Lundi commence par un choc général pour les prix du pétrole, qui ont chuté de plus de 30% après avoir enregistré la plus forte baisse depuis la guerre du Golfe de 1991 à ce jour. Les prix mondiaux de référence du pétrole ont chuté à tout juste 31,02 $ le baril. Les bourses européennes, affectées par l’effondrement du pétrole ainsi que par les conséquences néfastes du coronavirus, ont ouvert la semaine en chute libre, avec des baisses entre 7 et 8
Lors de la journée de négociation sur les marchés occidentaux, le pétrole a tenté de limiter les chutes (-21% pour les prix du baril), mais les stocks du secteur sont en rouge profond dans toute l’Europe.
Quelle est la cause de cet effondrement? Deux événements ont déclenché la tempête parfaite: le point de rencontre entre l’OPEP et l’OPEP + et la réponse du gouvernement saoudien.
La Russie a refusé d’appliquer des réductions de la production d’or noir pour répondre à une demande en baisse et d’assurer face aux incertitudes économiques greffées de l’épidémie de coronavirus. Mais la raison de l’effondrement du pétrole est aussi et surtout une autre et ne dépend pas directement de Covid-19.
Mais dimanche, l’Arabie saoudite a lancé une véritable guerre des prix en décidant unilatéralement de baisser les prix, la plus forte baisse de prix des 20 dernières années. En conséquence, le prix du pétrole destiné à l’Asie a chuté de 4 à 6 dollars le baril, tandis que celui des États-Unis a chuté de 7 dollars le baril.
Aramco, la société nationale saoudienne, a vendu son baril Arabian Light à un prix sans précédent: 10,25 $ de moins que le prix du Brent de la mer du Nord. En conséquence, Wti et Brent ont chuté à 29 $ et 33 $ le baril respectivement.
Les experts soulignent qu’une telle baisse des prix du pétrole brut est sans précédent et envoie une énorme onde de choc sur les marchés financiers. Non seulement cela: les analystes sont convaincus que l’Arabie saoudite est disposée à punir la Russie.
Quant à l’avenir, le marché pétrolier restera baissier dans les prochains mois car les coupes à Riyad auront un effet combiné à l’arrêt de la croissance économique mondiale causée par le coronavirus. La même arrestation qui a réduit la demande d’or noir.
L’objectif de l’OPEP et de l’Arabie saoudite semble être un et un seul: retirer des parts de marché à la Russie. L’arme? Déclenchez une guerre des prix qui affectera le monde entier.
Riad est prêt à annoncer des méga rabais aux clients du nord-ouest de l’Europe, un marché clé pour les anciens alliés russes. Les rabais entrants sont sans précédent: plus de 8 $ le baril par rapport à mars.
» l’échec de l’accord entre l’OPEP et les pays non membres de l’OPEP, principalement la Russie, sur de nouvelles baisses de production de 1,5 million de barils par jour pour répondre à la baisse de la demande, et face aux incertitudes les effets économiques causés par la flambée du coronavirus.
Entraine Une baisse de 30% des prix du pétrole brut et envoie une énorme onde de choc sur les marchés financiers », a expliqué à l’AFP Margaret Yang, analyste chez CMC Markets. Selon l’analyste d’Oanda Jeffrey Halley, « l’Arabie saoudite semble disposée à punir la Russie ». Le marché pétrolier devrait rester baissier dans les prochains mois, les coupes en Arabie saoudite ayant un effet combiné à l’arrêt de la croissance économique mondiale causée par le coronavirus, qui a réduit la demande d’or noir. Selon un autre analyste,
L’absence d’accord entre l’OPEP et l’OPEP + et la position de l’Arabie saoudite poussent Goldman Sachs à réviser ses estimations sur le prix du pétrole: «Nous réduisons nos prévisions pour les deuxième et troisième trimestres et nous pensons que le Brent peut être négocié à 30 $ le baril, avec des baisses importantes pouvant atteindre 20 $. » Dans un rapport, Goldman dit qu’il pense que l’accord OPEP et OPEP + était déséquilibré Quoi qu’il en soit, elle pense qu’aucun «accord de ce type» ne sera conclu dans les prochains mois,
Avec une baisse inévitable du prix de «l’or noir». Pour Goldman, la décision de la Russie de ne pas accepter les réductions proposées par les pays de l’OPEP pour soutenir les prix est « rationnelle ». En fait, ces réductions auraient défendu les prix mais pas les parts de marché qui auraient donné plus de pouvoir aux producteurs à bas prix sans pouvoir de prix alors que l’économie russe est de son côté capable de faire face à la baisse des prix du pétrole. Depuis novembre 2016, rappelle Goldman Sachs, la production de l’OPEP et de la Russie a été réduite de 4,4 milliards de barils par jour tandis que le reste du monde a augmenté sa production de 5,7 milliards de barils. Ainsi, le marché va maintenant faire face à deux « chocs baissiers très incertains avec le résultat clair » d’une forte baisse des prix, conclu le rapport.
L’effondrement des prix est également susceptible de causer des problèmes à de nombreux fournisseurs de pétrole américains dont les coûts de production sont relativement élevés en comparaison internationale. En outre, bon nombre des soi-disant «fracturateurs» sont lourdement endettés, ce qui met en péril leur endurance financière en période de bas prix du pétrole. L’expert pétrolier Carsten Fritsch de la Commerzbank prévoit donc une baisse de l’approvisionnement en pétrole en dehors de l’OPEP, en particulier aux États-Unis. À moyen terme, les prix du pétrole brut devraient de nouveau augmenter.