Les tensions entre l’Ukraine et la Russie menacent l’industrie électronique aux États-Unis

La Maison Blanche a demandé aux fabricants des puces électroniques de l’industrie américaine de diversifier leur chaîne d’approvisionnement au cas où la Russie restreindrait les exportations vers les États-Unis de matériaux tels que le néon et le palladium.
Une première alerte a été déclenchée à la suite de la publication d’un rapport , le 1er février, préparé par le cabinet de conseil américain Techcet, spécialisé dans l’analyse des chaînes d’approvisionnement dans le secteur des technologies pour appareils électroniques. Le document, intitulé « Menaces sur la chaîne d’approvisionnement en raison des tensions russo-américaines », a mis en évidence la dépendance de nombreux fabricants de semi-conducteurs vis-à-vis de matériaux d’origine russe et ukrainienne tels que le néon, le palladium et autres. Selon les estimations du cabinet de conseil, plus de 90 % des approvisionnements américains en néon semi-conducteur proviennent d’Ukraine, tandis que 35 % du palladium américain provient de Russie.
Selon des informations de l’agence de presse Reuters, le 11 février, Washington est intervenu rapidement face à cette situation. Peter Harrell, qui est membre du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, et son équipe auraient discuté avec des représentants de l’industrie des puces, pour analyser la situation et exhorter les personnes directement intéressées à diversifier leurs sources. Selon Reuters, la Maison Blanche a refusé de commenter les détails des conversations, mais un haut responsable a déclaré que l’administration serait préparée en cas de représailles russes en raison d’une intervention de toute nature en Ukraine, où les tensions continuent de croître et une invasion par Moscou pourrait intervenir avant la fin des Jeux olympiques de Pékin, prévus le 20 février.
Dans ce contexte, il est intéressant de noter que l’offre mondiale de puces est déjà limitée et que la demande ne cesse d’augmenter. Techcet estime que la demande de matériaux augmentera de plus de 37 % au cours des 4 prochaines années. À cet égard, il est important de rappeler que les prix du néon ont augmenté de 600 % avant l’annexion par la Russie de la péninsule de Crimée à l’Ukraine en 2014, car les sociétés de puces s’appuyaient sur des sociétés ukrainiennes, selon des rapports de la Commission américaine du commerce international.
De plus, en ce qui concerne les industries de la technologie et des appareils électroniques, la dépendance vis-à-vis de la Chine est également préoccupante. Peu de temps après son entrée en fonction, le président américain Joe Biden a signé un décret appelant à un examen de la vulnérabilité des chaînes d’approvisionnement de son pays pour ce type de matériaux tels que les terres rares. Ce sont 17 métaux utilisés dans la production d’un grand nombre de produits allant de l’électronique aux équipements militaires, des smartphones aux avions de guerre. En mars 2021, le département américain de l’énergie a annoncé une initiative de 30 millions de dollars pour financer l’achat de ces articles à l’échelle nationale.
A ce jour, Pékin contrôle la majorité de l’extraction des terres rares dans le monde, environ 90%, ainsi que le traitement de ces éléments. De plus, environ 80 % des importations de terres rares aux États-Unis proviennent de Chine. si Pékin décide de limiter ses exportations de terres rares , comme le supposent certains médias chinois et internationaux, cela pourrait créer de sérieux problèmes dans les secteurs des technologies américaines et de l’industrie de guerre. Ce type de matériau est extrêmement important pour la fabrication d’armes de pointe et d’équipements militaires.
Enfin, il est intéressant de rappeler que la Chine et la Russie , lors d’une réunion de leurs dirigeants le 4 février, à quelques heures de l’ouverture officielle des JO d’hiver de Pékin, se sont soutenues pour les situations en Ukraine et à Taïwan, avec la promesse d’une plus grande collaboration entre les deux pays, soulignant ce que le président russe a qualifié de « lien sans précédent » entre Moscou et Pékin.