La tournée africaine du Premier ministre espagnol Pedro Sánchez, entamée le 26 août 2024, s’inscrit dans un contexte marqué par une augmentation dramatique des arrivées de migrants sur les côtes des îles Canaries. Cette visite de trois jours en Mauritanie, en Gambie et au Sénégal vise à renforcer la coopération avec ces pays d’Afrique de l’Ouest, devenus des points de départ majeurs pour les traversées périlleuses de l’Atlantique.
Depuis le début de l’année, plus de 22 000 migrants ont débarqué sur les côtes des îles Canaries, doublant ainsi le nombre d’arrivées irrégulières par rapport à la même période en 2023. Cette situation a exacerbé les tensions au sein de l’archipel espagnol, qui peine à gérer l’afflux massif de personnes, dont un nombre croissant d’adolescents et d’enfants non accompagnés.
Les causes de cette migration sont multiples, incluant la violence persistante au Mali, la pauvreté et le chômage chronique en Mauritanie, au Sénégal, et dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest. Ces conditions poussent des milliers de personnes à entreprendre la traversée, souvent au péril de leur vie.
L’un des objectifs principaux de la visite de Pedro Sánchez est de signer des accords bilatéraux avec les dirigeants Mauritaniens, Gambien et Sénégalais Pour lutter contre le trafic d’êtres humains. La coopération entre les forces de sécurité espagnoles et locales sera renforcée, visant à démanteler les réseaux de passeurs qui organisent ces traversées illégales.
En outre, l’Espagne prévoit d’étendre son programme de migration circulaire, permettant aux migrants de travailler temporairement en Espagne, notamment dans le secteur agricole. Ce programme est conçu pour offrir des opportunités légales et encadrées aux migrants, réduisant ainsi leur vulnérabilité aux réseaux criminels.
Au-delà des mesures sécuritaires, la tournée de Pedro Sánchez ambitionne de s’attaquer aux causes profondes de la migration. Des investissements à long terme dans le développement, la connectivité et l’éducation sont annoncés, visant à améliorer les conditions de vie dans les pays d’origine des migrants. Ces initiatives s’inscrivent dans une stratégie plus large de l’Espagne pour stabiliser la région et réduire la pression migratoire à la source.
La Mauritanie, considérée comme un modèle de stabilité dans une région en proie à l’instabilité, joue un rôle clé dans cette stratégie. Lors de sa visite en février 2024, Pedro Sánchez, accompagné de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, avait déjà annoncé une aide de 210 millions d’euros pour soutenir la Mauritanie dans la gestion des flux migratoires. Cette nouvelle visite renforce l’engagement de l’Espagne à travailler en étroite collaboration avec ses partenaires africains pour une gestion plus efficace et humanitaire de la migration.
La tournée africaine de Pedro Sánchez témoigne de l’urgence et de la complexité de la crise migratoire que l’Espagne doit affronter. Face à l’augmentation des arrivées irrégulières, le gouvernement espagnol cherche à renforcer la coopération avec les pays d’Afrique de l’Ouest tout en s’attaquant aux causes structurelles de la migration. Cette approche multidimensionnelle, alliant sécurité, développement économique et gestion humanitaire, pourrait être un modèle pour d’autres nations européennes confrontées à des défis similaires. Cependant, la réussite de cette stratégie dépendra de l’engagement continu des partenaires africains et de la mise en œuvre efficace des mesures convenues.