Le limogeage de Volodymyr Kudrytskyi, directeur général d’Ukrenergo, l’opérateur national du réseau électrique ukrainien, a déclenché une onde de choc. Cette décision, jugée « politiquement motivée » par deux membres indépendants du conseil de surveillance, qui ont démissionné en signe de désaccord, soulève des inquiétudes quant à l’avenir du réseau énergétique du pays, déjà durement éprouvé par les attaques russes.
Volodymyr Kudrytskyi, à la tête d’Ukrenergo depuis 2020, était une figure centrale dans la gestion de la crise énergétique. Son départ soudain, qualifié d’injustifié par des observateurs et législateurs de premier plan, risque de fragiliser davantage le système énergétique ukrainien. Deux membres influents du conseil d’administration, Peder Andreasen et Daniel Dobbeni, anciens présidents du Réseau européen des gestionnaires de réseaux de transport d’électricité, ont démissionné en signe de protestation contre cette décision. Ils ont dénoncé des pressions politiques et un manque de transparence dans le processus de nomination de nouveaux cadres.
Kudrytskyi, dans une déclaration publique, a évoqué une « campagne de discrédit » contre Ukrenergo et souligné la nécessité d’une gestion transparente pour éviter que l’entreprise ne devienne un outil de corruption. Des analystes voient dans son limogeage une tentative de centralisation du pouvoir par l’administration présidentielle de Kiev, ce qui pourrait compromettre la résilience du réseau électrique à l’approche de l’hiver, période cruciale en raison des attaques russes.
La politisation des infrastructures énergétiques en Ukraine expose le pays à des risques majeurs. Kudrytskyi, qui avait réussi à stabiliser le réseau malgré les bombardements russes, a aussi joué un rôle clé dans l’obtention de financements internationaux pour la reconstruction. Son éviction menace de freiner ces efforts, en sapant la confiance des partenaires financiers internationaux et en alourdissant les tensions internes.
Le départ de Kudrytskyi va bien au-delà d’un simple remaniement interne. Il envoie un signal préoccupant quant à la gestion future du secteur énergétique. L’interférence politique pourrait détourner l’attention des défis techniques pressants, mettant en péril la sécurité énergétique du pays en pleine guerre. La politisation accrue du secteur risque de compromettre la résilience du réseau et la capacité de l’Ukraine à faire face aux pressions extérieures.
Ce licenciement marque une étape dans une lutte plus vaste pour le contrôle des infrastructures stratégiques en Ukraine. La tentative de centralisation du pouvoir menace l’indépendance des institutions, un facteur clé pour assurer la stabilité en période de conflit. Si la politique prend le pas sur les considérations techniques, la sécurité énergétique du pays pourrait être gravement compromise, alors même que l’Ukraine se bat pour sa survie.