Damas, 12 septembre 2025 – Le président syrien par intérim, Ahmed al-Charaa, a accueilli vendredi à Damas l’amiral Brad Cooper, récemment nommé à la tête du Commandement central des États-Unis (CENTCOM). La rencontre, à laquelle a également pris part l’envoyé spécial américain pour la Syrie, Tom Barrack, a été présentée comme un échange stratégique visant à consolider la coopération politique et militaire entre Washington et Damas, dans un contexte régional marqué par la persistance de foyers de tension.
Selon un communiqué de la présidence syrienne, les discussions se sont déroulées dans une « atmosphère positive » et ont porté sur « les perspectives de coopération au service des intérêts communs et la consolidation des fondements de la sécurité et de la stabilité en Syrie et dans la région ». De son côté, le CENTCOM a exprimé sa gratitude à Damas pour son soutien dans la lutte contre Daech. « Éliminer la menace de Daech en Syrie réduira le risque d’une attaque sur le territoire américain, tout en concrétisant la vision du président Donald Trump d’un Moyen-Orient prospère et d’une Syrie stable », a souligné l’amiral Cooper.
Les responsables américains ont également salué la coopération syrienne dans la récupération de citoyens américains disparus ou tués durant la guerre civile déclenchée en 2011.
Cette visite intervient alors que le Pentagone poursuit une réduction progressive de ses effectifs en Syrie. En avril, il avait annoncé son intention de ramener les troupes américaines à moins de 1 000 soldats, avec l’objectif final de fermer toutes les bases sauf une. Malgré ce retrait planifié, Washington maintient une présence stratégique dans le nord-est et l’est de la Syrie, notamment à proximité des zones pétrolières et de la frontière irako-syrienne, afin de contenir la résurgence de Daech et de freiner l’influence de l’Iran.
L’amiral Cooper, en tournée régionale depuis sa prise de fonctions en août, avait déjà visité Israël début septembre, soulignant l’importance que les États-Unis continuent d’accorder à leurs alliances militaires au Moyen-Orient.
En parallèle, la Syrie reste le théâtre d’opérations militaires israéliennes. Tsahal a annoncé vendredi avoir démantelé plusieurs cellules terroristes dans le sud du pays, soupçonnées d’agir pour le compte de l’Unité 840, branche clandestine de la Force al-Qods du CGRI. Selon l’armée israélienne, ces groupes avaient reçu pour mission de lancer des attaques contre Israël, souvent sans que leurs membres soient pleinement conscients de travailler pour Téhéran, leur recrutement passant par des pots-de-vin et de fausses missions.
Ces derniers mois, des figures clés du réseau, telles que Salah al-Husseini et Muhammad Shuayb, ont été tuées lors de frappes israéliennes au Liban. Ils étaient considérés comme des acteurs majeurs dans le trafic d’armes depuis l’Iran vers le Liban, la Cisjordanie et la Syrie.
Depuis la chute du régime de Bachar al-Assad en décembre 2024, Israël a installé neuf postes militaires permanents dans le sud de la Syrie, où ses forces mènent régulièrement des opérations, parfois jusqu’à 15 kilomètres en territoire syrien, afin d’intercepter des cargaisons d’armes.
Malgré l’ouverture d’un dialogue inédit entre Israël et les nouvelles autorités syriennes, les frappes israéliennes contre des cibles iraniennes et pro-iraniennes se poursuivent. Lundi, des bombardements ont visé une base militaire près de Homs, ainsi que des positions autour de Lattaquié et Palmyre.
« En Syrie, nous avons neutralisé des capacités susceptibles de menacer notre liberté d’action », a affirmé le chef d’état-major de l’armée israélienne, le lieutenant-général Eyal Zamir.
Entre la main tendue américaine à Damas et la stratégie offensive israélienne contre l’Iran et ses alliés, la Syrie s’impose une nouvelle fois comme l’épicentre d’un jeu d’équilibres instables, où diplomatie, sécurité et affrontements militaires se croisent.