WASHINGTON– Ce lundi 10 novembre 2025, le président syrien de transition Ahmed al-Charaa a été reçu officiellement par Donald Trump à la Maison-Blanche. Une rencontre symbolique et stratégique, marquée par une annonce majeure : la suspension partielle pour 180 jours des sanctions imposées à la Syrie au titre de la loi Caesar.
Cette décision, applicable immédiatement, traduit un revirement spectaculaire de la politique américaine. Washington affirme vouloir « offrir à la Syrie une chance de prospérer » tout en préservant des garde-fous face aux influences étrangères jugées déstabilisatrices.
L’Office of Foreign Assets Control (OFAC), relevant du Département du Trésor américain, a confirmé dans un communiqué que cette mesure remplace la licence générale publiée en mai dernier. Elle s’inscrit dans une stratégie d’assouplissement progressif des restrictions économiques imposées depuis 2019, lorsque la loi Caesar avait placé la Syrie sous l’un des régimes de sanctions les plus sévères au monde.
« Le président Trump tient son engagement de donner à la Syrie une chance de se reconstruire et de prospérer, tout en veillant à ce que les acteurs néfastes soient tenus responsables », indique le communiqué du Trésor.
Cependant, l’allègement demeure partiel. Les transactions impliquant la Russie et l’Iran restent strictement interdites, tout comme celles concernant les anciens proches du régime Assad, les trafiquants de Captagon ou les responsables de violations graves des droits de l’homme.
De plus, la Syrie demeure sous examen pour une possible redésignation comme “État soutenant le terrorisme”, et les produits stratégiques continuent de nécessiter une licence d’exportation américaine.
Lors de son entretien à huis clos avec Donald Trump, al-Charaa a plaidé pour une levée complète des sanctions afin de relancer une économie ravagée. Selon la Banque mondiale, les besoins de reconstruction dépassent désormais 200 milliards de dollars.
Les discussions ont porté sur la coopération antiterroriste, la réintégration de la Syrie dans la coalition internationale contre l’État islamique, et même une possible adhésion aux Accords d’Abraham — un signal fort, qui traduirait une rupture diplomatique historique avec l’héritage d’Assad.
Trump, qui avait déjà rencontré al-Charaa en mai dernier lors du sommet de Riyad, a salué un « dirigeant pragmatique » et un « partenaire crédible pour contenir l’influence russo-iranienne ».
Pour Damas, cette suspension représente une bouffée d’oxygène économique et diplomatique. Elle pourrait permettre un retour progressif des investissements étrangers dans les secteurs clés — énergie, agriculture, infrastructures — et faciliter le retour des réfugiés, estimés à plus de 5,5 millions.
À la sortie de la Maison-Blanche, al-Charaa, acclamé par des centaines de Syriens de la diaspora réunis à Lafayette Square, a salué une rencontre « fructueuse » et exprimé sa volonté de « tourner la page de la guerre pour reconstruire une Syrie libre et forte ».
À Washington, cependant, la décision suscite la controverse. L’administration Trump entend convaincre le Congrès d’abroger définitivement la loi Caesar avant la fin de l’année, mais plusieurs élus — républicains et démocrates — dénoncent une tentative de “blanchiment politique” d’un ancien chef rebelle encore entouré d’ombres.



























