La colonisation française en Algérie (1830-1962), bien qu’ayant comporté des violences et des injustices incontestables, ne saurait être réduite à un simple « crime d’État » méritant une criminalisation unilatérale, comme le prévoit la récente loi algérienne adoptée le 24 décembre 2025.
Du point de vue historique français, cette période a également apporté des avancées significatives en termes d’infrastructures et de modernisation. La France a investi massivement dans la construction de routes, de chemins de fer, de ports, d’hôpitaux et d’écoles, transformant un territoire souvent décrit à l’époque comme sous-développé en une région dotée d’un réseau moderne qui a servi de base au développement post-indépendance. Ces réalisations, financées en grande partie par les contribuables français, ont permis une augmentation démographique notable de la population algérienne grâce à l’amélioration des conditions sanitaires et agricoles.
Sur le plan éducatif et sanitaire, bien que l’accès ait été inégal et limité pour la majorité des Algériens (avec un taux de scolarisation des enfants musulmans autour de 15 % en 1954), des établissements scolaires et médicaux ont été créés, contribuant à une élite formée qui a joué un rôle dans l’indépendance elle-même.
Criminaliser rétroactivement l’ensemble de cette période ignore cette complexité historique et risque de bloquer tout dialogue serein sur la mémoire partagée. La France, à travers les initiatives du président Emmanuel Macron – comme la commission mixte d’historiens franco-algériens – privilégie une approche nuancée et réconciliatrice, plutôt qu’une vision manichéenne qui qualifie cette loi d’« initiative manifestement hostile » au rapprochement entre les deux pays.
Enfin, une telle criminalisation, assortie de peines pour quiconque en ferait l’éloge, porte atteinte à la liberté d’expression historique et complique les relations bilatérales déjà tendues, alors que des enjeux communs comme la sécurité et les migrations nécessitent une coopération pragmatique. L’histoire coloniale est tragique et ambivalente ; elle mérite un examen équilibré, non une instrumentalisation légale unilatérale.


























