Le 25 décembre 2025, l’armée israélienne (Tsahal) a annoncé avoir éliminé, lors d’une frappe aérienne précise dans la région d’Ansariyah, dans le sud du Liban, un haut responsable de la Force Qods, la branche des opérations extérieures des Gardiens de la révolution islamique iraniens (IRGC). La cible, identifiée comme Hussein Mahmoud Marshad al-Jawhari, était un opérateur clé de l’Unité 840, une cellule spécialisée dans les opérations terroristes à l’étranger.
Selon le communiqué conjoint de Tsahal et du Shin Bet (services de sécurité intérieure israéliens), al-Jawhari « jouait un rôle central dans l’unité opérationnelle de la Force Qods et était impliqué, ces dernières années, dans la planification et la promotion d’attaques terroristes contre l’État d’Israël depuis les scènes syrienne et libanaise ». Il opérait sous la direction directe de l’IRGC et était accusé de coordonner des activités hostiles contre Israël et ses forces de sécurité. Cette élimination s’inscrit dans une opération conjointe qualifiée de « succès » par les autorités israéliennes, qui ont diffusé des images de drone montrant la frappe sur le véhicule de la cible.
Cette frappe n’était pas isolée : le même jour, d’autres raids israéliens ont eu lieu au Liban, notamment dans le district d’Hermel (près de la frontière syrienne) et près de Majdal Selm. Selon le ministère libanais de la Santé, ces attaques ont causé la mort de plusieurs personnes, dont au moins trois civils ou résidents locaux rapportés comme « martyrs ». Les médias libanais, via l’Agence nationale d’information (ANI), ont décrit des drones israéliens ciblant des véhicules, sans lien direct confirmé avec al-Jawhari pour ces incidents séparés.
Cet événement survient un peu plus d’un mois après l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu fragile en novembre 2024, qui avait mis fin à plus d’un an de guerre ouverte entre Israël et le Hezbollah libanais, soutenu par l’Iran. Ce cessez-le-feu, négocié sous mediation américaine, prévoyait le retrait des forces israéliennes du sud du Liban, le désarmement progressif du Hezbollah au sud du fleuve Litani, et l’arrêt des hostilités. Cependant, Israël justifie ses frappes quasi-quotidiennes par la nécessité d’empêcher la reconstitution des capacités militaires du Hezbollah et de ses alliés iraniens.
Depuis la trêve, Tsahal a mené des centaines de raids, ciblant ce qu’elle décrit comme des infrastructures terroristes, des sites de stockage d’armes ou des operatifs impliqués dans des violations. Des organisations indépendantes, comme l’ACLED ou Human Rights Watch, documentent un bilan lourd côté libanais : plus de 300 morts depuis novembre 2024, dont une proportion significative de civils. Israël, de son côté, affirme agir en légitime défense et pointe du doigt les tentatives iraniennes de réarmer ses proxies via la Syrie et le Liban.
La présence iranienne au Liban, via la Force Qods, reste un point de friction majeur. L’Unité 840 est particulièrement redoutée pour son rôle dans des attentats à l’étranger, des enlèvements et des opérations clandestines. L’élimination d’al-Jawhari représente un coup dur pour Téhéran, déjà affaibli par une brève guerre directe avec Israël en juin 2025 et par la dégradation de ses réseaux proxies (Hezbollah affaibli, Hamas décimé).
À ce jour (26 décembre 2025), ni l’Iran ni les Gardiens de la révolution n’ont officiellement confirmé la mort d’al-Jawhari ni commenté l’incident. Ce silence est courant dans de tels cas, Téhéran préférant souvent minimiser les pertes pour éviter d’apparaître vulnérable. Du côté libanais, les autorités dénoncent une « violation flagrante » du cessez-le-feu, tandis que le Hezbollah reste discret, évitant probablement une escalade immédiate.
Sur la scène internationale, les réactions sont contrastées : les alliés d’Israël saluent une action antiterroriste efficace, tandis que des voix critiques, y compris dans certains médias arabes ou occidentaux, pointent du doigt les risques d’embrasement régional et les victimes collatérales. Des négociations diplomatiques sont en cours, avec une délégation américaine présente au Liban pour superviser l’application de la trêve.
Cette opération illustre la persistance de la « guerre de l’ombre » entre Israël et l’Iran, même en période de trêve formelle. Israël démontre sa capacité à frapper profondément en territoire ennemi, grâce à un renseignement précis et une supériorité aérienne incontestée. Pour l’Iran, c’est un rappel douloureux de sa vulnérabilité : ses commandants, même au Liban ou en Syrie, ne sont plus à l’abri.
À long terme, ces frappes pourraient compliquer les efforts de reconstruction au Liban, déjà ravagé par des années de crises, et alimenter les tensions internes. Elles soulignent aussi la détermination israélienne à neutraliser toute menace iranienne à ses frontières, au prix d’un cessez-le-feu qui semble plus théorique que réel.



























