À 35 ans, Yacine Brahimi, star bien rémunérée à Al-Gharafa au Qatar, annonce soudain vouloir créer une académie internationale pour former les jeunes talents algériens et combler les lacunes structurelles. Beau geste sur le papier, mais franchement : pourquoi l’Algérie en est-elle réduite à attendre qu’un joueur individuel, en fin de carrière, vienne jouer les sauveurs ? N’est-ce pas la preuve accablante d’un échec total des institutions ?
Regardons les faits en face. L’État algérien a investi des milliards dans des stades flambant neufs – Baraki, Oran, Tizi-Ouzou, Douéra… – mais beaucoup se dégradent déjà : pelouses pourries, entretien catastrophique, matchs délocalisés. Le Centre Technique National de Sidi Moussa, seul vrai outil pour l’EN, est souvent en état de délabrement, forçant même des stages à l’étranger. Des académies fédérales, comme celle de Tlemcen, sont abandonnées à 85% d’avancement faute de fonds. Et la FAF ? Incapable de gérer le basique, avec une gouvernance chaotique et des priorités floues.
Pendant ce temps, le football algérien végète : pas de Mondial depuis 2014 (à part les éliminations précoces), clubs qui galèrent en compétitions africaines, et un réservoir de talents qui fuit vers l’Europe sans structure locale solide. Le Paradou AC est l’exception rarissime ; ailleurs, c’est le vide.
Brahimi, lui, fait ce qu’il peut à son échelle : un stade sympa inauguré en août 2025 à Aït Bouadda (village de sa mère), financé personnellement – bravo, c’est touchant et utile localement. Il investit aussi dans Footsider, une app avec Ronaldinho pour détecter des talents mondialement (plus de 150 000 utilisateurs, focus Afrique et Brésil). Mais soyons réalistes : un terrain villageois et une plateforme digitale, aussi innovants soient-ils, ne remplacent pas une politique nationale cohérente !
Pourquoi attendre Brahimi – ou Mahrez, ou d’autres exilés fortunés – pour poser « les premières petites pierres » d’une académie ? L’Algérie a les moyens : pétrole, gaz, budget énorme pour le sport. Mais l’argent va dans des enceintes vides ou mal gérées, pas dans la formation de base, les centres régionaux, les scouts structurés. Résultat : on applaudit un joueur pour un projet personnel, alors que la FAF et le ministère devraient en lancer des dizaines.
Brahimi, respect pour tes actes concrets. Mais aux dirigeants : arrêtez de dormir et agissez ! L’Algérie n’a pas à attendre un héros pour avoir un football digne de son potentiel.



























