Dans l’Algérie ravagée par le malheur, rien ne surprend plus en ces temps où pullulent les idoles, où les statues, les divinités et les fétiches se multiplient – ceux de la bande mafieuse au pouvoir comme ceux des généraux divinisés – : voilà que « la mode » s’érige à son tour en totem suprême, devant lequel s’agenouillent les foules et se mortifient les fanatiques d’un pays qui voue un culte pathétique à l’imitation servile, singeant sans cervelle ni dignité toutes les nations, d’hier et de demain.
Mais le plus révoltant, le plus écœurant, c’est que les plus zélés esclaves de ce veau d’or vestimentaire infestent toutes les couches de la société, à commencer par les femmes, les mineures et cette horde d’« ananiches » qui ont bazardé leur cerveau et craché sur la loi de leur Créateur. Pour eux, la mode n’est plus un détail : c’est une obsession maladive, une course hystérique au dernier cri des podiums, une chasse effrénée au short microscopique, à la jupe obscène, au haut qui bombe la poitrine chez les filles comme chez les garçons. Chaque année, les créateurs homosexuels des grandes maisons parisiennes et milanaises, inspirés par leurs semblables, vomissent des collections qui transforment les porteurs en prostituées de luxe ou en travelos de bas étage, vêtements déchirés, pendouillants, transparents, conçus pour exhiber culottes et strings comme des trophées. Et eux, ils appellent ça « tendance », « audace », « mode des pédés et des putes » – et ils en redemandent.
Résultat : les commerçants locaux, vautours en costume, se ruent sur les modèles les plus vulgaires, les plus pornographiques, ceux qui dévoilent tout, chez l’homme comme chez la femme, parce qu’ils savent que c’est exactement ce qui se vend le mieux dans ce pays gangréné. Mineures, femmes, efféminés en tout genre : l’Algérie en est saturée, noyée, déshonorée. On la désigne désormais comme le royaume des « ananiches » et des putes à bas prix qui claquent des fortunes dans le serré, le troué, le dénudé, uniquement pour hurler au monde leur désespoir d’exister, pour rameuter le regard lubrique et, surtout, pour appâter le client sexuel étranger – ces touristes de la débauche qui ne foulent notre sol que pour se payer du sexe facile avec nos prostituées et nos racailles en heat.
Voilà où nous en sommes : un pays qui vend son honneur au détail, une nation qui troque sa dignité contre des bouts de tissu criards, pendant que les idoles rient et que les généraux comptent les billets.



























