Manille, 30 novembre 2025 – La pression populaire s’intensifie sur le président philippin Ferdinand Marcos Jr, cible d’un scandale de corruption d’une ampleur inédite. Ce dimanche, des dizaines de milliers de manifestants ont envahi les rues de la capitale pour exiger sa démission immédiate, dénonçant le détournement présumé de milliards de pesos destinés à des projets d’infrastructures anti-inondations.
À l’appel du Kilusang Bayan Kontra-Kurakot (KBKK, Mouvement populaire contre la corruption), la foule a défilé depuis le parc national de Luneta jusqu’aux abords du palais présidentiel de Malacañang. La zone était bouclée par 12 000 policiers, barbelés et conteneurs métalliques.
Des effigies géantes de Marcos et de la vice-présidente Sara Duterte, représentés en crocodiles – surnommés la « codile corrompue » – ont été incendiées sous les cris de « Marcos démission ! » et « Tous les corrompus en prison ! ».
L’affaire a éclaté après deux typhons meurtriers, qui ont fait plus de 250 morts et mis au jour l’absence ou la défaillance de nombreuses infrastructures anti-inondations censées protéger les populations. Les enquêtes évoquent :contrats gonflés projets fantômes surfacturations d’appels d’offres
L’ancien député Zaldy Co, aujourd’hui réfugié au Japon, accuse directement Marcos d’avoir perçu 50 milliards de pesos (850 millions de dollars) de dessous-de-table depuis 2022 et d’avoir ordonné l’insertion de 100 milliards de pesos de “projets fantômes” dans le budget 2025. Il affirme même avoir livré personnellement un milliard de pesos en liquide au domicile du président.
Marcos balaie ces accusations, qualifiant Co de « fugitif mythomane ».Deux ministres ont déjà quitté le gouvernement. Le président de la Chambre des représentants, Martin Romualdez, cousin de Marcos, a été poussé à la démission. Sept personnes ont été arrêtées.
Mais pour les manifestants, cela reste très insuffisant.« Ils nous prennent pour des idiots depuis trop longtemps », déclare Matt Wovi Villanueva, étudiant de 21 ans, arrêté et battu lors d’une précédente manifestation. « Marcos et Sara Duterte doivent partir. Sinon, il n’y aura jamais de justice. »
Une seconde marche, organisée par l’opposition modérée et soutenue par l’Église catholique, a rassemblé environ 5 000 personnes sur l’avenue EDSA. Ce groupe réclame pour l’instant uniquement la démission de Sara Duterte, attendant « des preuves plus solides » contre Marcos.
Pour Raymond Palatino, porte-parole du groupe Bayan (membre du KBKK), les responsabilités du président sont évidentes :« Il a signé le budget, validé les insertions douteuses. Il ne peut pas jouer les surpris. »


























