L’Égypte poursuit discrètement, mais résolument, un vaste programme de formation destiné à préparer l’après-guerre dans la bande de Gaza. Selon un responsable palestinien cité par l’AFP, plusieurs centaines de jeunes Gazaouis suivent au Caire des formations intensives pour intégrer une future force de police, dans le cadre d’un plan prévoyant la création d’un corps de 5.000 policiers rémunérés par l’Autorité palestinienne (AP) basée à Ramallah.
La formation, annoncée en août par le ministre égyptien des Affaires étrangères Badr Abdelatty lors d’une rencontre avec le Premier ministre palestinien Mohammad Mustafa, avait déjà accueilli plus de 500 stagiaires en mars. Depuis septembre, de nouvelles sessions de deux mois sont en cours pour plusieurs centaines de participants supplémentaires.
« Nous voulons un arrêt permanent de la guerre et sommes impatients de servir notre pays et nos concitoyens », confie un policier palestinien de 26 ans, très enthousiaste à l’idée de rejoindre une force de sécurité « indépendante, loyale uniquement à la Palestine ».
Les stagiaires, tous originaires de Gaza, suivent des cours pratiques, notamment sur la surveillance des frontières, avec des équipements modernes fournis par l’Égypte. Un lieutenant palestinien précise avoir été formé aux conséquences de l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023 et à ses répercussions dévastatrices sur la cause palestinienne.
L’accent est également mis sur le rôle central de l’OLP comme seul représentant légitime du peuple palestinien et sur la préservation du « rêve de création » d’un État palestinien.
Un haut responsable sécuritaire de l’AP confirme que Mahmoud Abbas a donné instruction au ministre de l’Intérieur, Ziad Hab al-Reeh, d’accélérer la coordination avec l’Égypte pour bâtir les futures forces de sécurité destinées à Gaza.
Lors de discussions tenues fin 2024 au Caire, les factions palestiniennes – dont le Hamas et le Fatah – avaient convenu de créer une force de 10.000 policiers, dont 5.000 formés en Égypte et 5.000 issus des forces déjà actives dans Gaza sous contrôle du Hamas depuis 2007. Cette force serait supervisée par un comité de technocrates chargé d’administrer la bande de Gaza après-guerre.
Le plan américain défendu par Donald Trump – q– englobe également la dimension sécuritaire. Appuyé par une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU, il prévoit le déploiement d’une force internationale à Gaza, chargée de la démilitarisation et du contrôle des frontières.
En parallèle, l’Union européenne envisage de former jusqu’à 3.000 policiers, comme elle le fait déjà en Cisjordanie depuis 2006, a indiqué un responsable européen.
Mais , Israël consentira-t-il à voir se déployer une force de police palestinienne, fût-elle strictement encadrée par la communauté internationale ? Jusqu’à présent, le gouvernement de Benjamin Netanyahu rejette catégoriquement toute implication – même purement symbolique – de l’Autorité palestinienne ou du Hamas dans l’administration de Gaza après la guerre.

























