1er décembre 2025 – Les prix du pétrole ont nettement accéléré ce lundi matin, gagnant près de 2 % en quelques heures sous l’effet d’un faisceau de tensions géopolitiques et de la confirmation d’une politique de production particulièrement restrictive de l’OPEP+. Vers 11h25 (HEC), le Brent pour livraison en février s’établissait à 63,47 dollars (+1,75 %) et le WTI à 59,63 dollars (+1,84 %), alors que les cours évoluaient encore en début de matinée autour de 63,10 dollars et 59,50 dollars.
Cette hausse s’explique d’abord par la décision de l’OPEP+ de verrouiller l’offre. Réunis dimanche, les ministres du cartel et leurs dix alliés ont reconduit sans modification le gel des hausses de production initialement prévues pour le premier trimestre 2026. L’alliance, qui fournit environ 40 % du brut mondial, justifie cette ligne dure par une saisonnalité « traditionnellement plus faible » et par la nécessité de conserver une flexibilité maximale dans un contexte international incertain. Pour Vivek Dhahr, analyste à la Commonwealth Bank of Australia, le signal ne souffre d’aucune ambiguïté : « L’OPEP+ refuse catégoriquement de laisser le marché retomber dans le surplus. »
À cette stratégie déjà restrictive s’ajoute un nouveau front de tension : Washington a durci le ton contre Caracas. Dimanche soir, Donald Trump a déclaré envisager la fermeture totale de l’espace aérien vénézuélien et n’a pas exclu des frappes ciblées, provoquant une réaction immédiate de Caracas, qui accuse les États-Unis d’« agression » et de volonté de s’emparer de ses immenses réserves pétrolières. Or, avec une production avoisinant 1 million de barils par jour — soit 1 % de l’offre mondiale, dont la moitié exportée —, toute perturbation prolongée au Venezuela pourrait rapidement se répercuter sur les cours, même dans un marché que certains analystes imaginaient excédentaire en 2026.
Dans le même temps, le front ukrainien ravive les craintes d’escalade. Une attaque de drones navals ukrainiens a endommagé samedi un terminal pétrolier majeur de la mer Noire, infrastructure cruciale par laquelle transite près de 80 % du pétrole kazakh destiné à l’exportation. Cet incident, qui intervient alors qu’un accord de paix semblait se profiler, a immédiatement crispé les marchés. L’émissaire américain Steve Witkoff doit pourtant rencontrer mardi Vladimir Poutine à Moscou pour tenter de relancer les discussions.
À ces tensions s’ajoutent des facteurs structurels déjà orientés à la hausse : les stocks américains ont chuté selon le dernier rapport de l’EIA, tandis que la demande chinoise et indienne continue de surprendre par sa vigueur. « Dans une telle configuration, chaque risque supplémentaire – même marginal – est immédiatement converti en prime de prix », analyse Arne Lohmann Rasmussen, de Global Risk Management.
L’effet sur les économies importatrices ne tardera pas : les prix à la pompe devraient repartir nettement à la hausse et les coûts logistiques des entreprises s’alourdir, tandis que les raffineurs, eux, ajustent déjà leurs marges pour amortir les fluctuations.
Dans ces conditions, la tendance haussière semble vouée à se poursuivre tant que l’OPEP+ maintient sa fermeté, que les tensions entre Washington et Caracas demeurent explosives, et que le conflit ukrainien reste incandescent. À court terme, seuls un apaisement diplomatique global ou un recul marqué de la demande asiatique pourraient inverser la dynamique.
Décembre s’ouvre ainsi sur un marché pétrolier où la nervosité est maximale : l’or noir redevient plus que jamais le baromètre des crises internationales.


























