La Commission internationale d’enquête des Nations Unies sur la Syrie a déclaré que lors de la campagne de 2019 visant à reprendre le contrôle de la région nord-ouest de la Syrie d’Idlib, le régime dirigé par le président Bachar al-Assad et son allié, la Russie a commis des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.
C’est ce qui ressort d’un rapport de 29 pages publié le 7 juillet par la Commission elle-même et portant sur la période novembre 2019-juin 2020. Idlib est toujours le dernier bastion encore placé sous le contrôle des rebelles qui, soutenu par la Turquie, s’opposer au régime d’Al-Assad. Suite à une violente offensive entreprise depuis fin avril 2019 et intensifiée en décembre de la même année, Moscou et Ankara, le 5 mars 2020, sont parvenus à un cessez-le-feu visant à favoriser le retour des réfugiés syriens et des réfugiés. Malgré des violations sporadiques, l’interruption des combats a permis à plus de 281 709 Syriens de rentrer chez eux à Alep et à Idlib, selon les données communiquées le 27 mai par le Groupe de coordination des interventions.
Cependant, selon des rapports de la Commission des Nations Unies, l’offensive contre Idlib a contraint environ un million de citoyens à quitter leur domicile, tandis que plus de 500 civils sont morts. Il a été affirmé que la population syrienne souffrait de souffrances « inexpliquées ». Les écoles ont été bombardées alors que les enfants étaient à l’intérieur, les parents tués alors qu’ils étaient au marché, les hôpitaux affectés en soignant les patients et des familles entières sont mortes en tentant de s’échapper, a expliqué le chef de la commission, Paulo Pinhero.
Au total, 52 attaques ont été documentées avaient comme cible des sujets et des objets civils. Parmi ceux-ci, 17 attaques ont été perpétrées contre des hôpitaux et des installations médicales, 14 contre des écoles, 9 marchés touchés et d’autres ont touché 12 maisons. Selon la Commission, il s’agit de crimes de guerre qui ont inévitablement entraîné le déplacement de citoyens syriens et, par conséquent, il est également possible de parler de crimes contre l’humanité et d’actions inhumaines. Ceux-ci ont principalement touché Ma’arratal-Nu’man et Ariha, dans le gouvernorat d’Idlib, ainsi qu’Atarib et Darat Azza, à l’ouest d’Alep, en particulier de la seconde moitié de décembre 2019 à la mi-février 2020.
La responsabilité de ces « actes inhumains », clarifiée dans le rapport, est imputable non seulement au régime syrien et aux forces aériennes russes, mais aussi à Hayat Tahrir al-Sham (HTS), un groupe djihadiste d’idéologie salafiste, affilié à Al -Qaïda est impliquée dans la guerre civile syrienne. Une fois que les civils ont fui, les membres du HTS ont saccagé leurs maisons, tandis qu’au cours des combats, ils ont arrêté, torturé et tué des civils qui exprimaient des idées contraires à leur idéologie, y compris des journalistes. Les femmes, y compris les jeunes, ont fait l’objet d’une discrimination systématique et ont été privées de certaines libertés, dont celle de circuler. Enfin, HTS a également bombardé sans discrimination des zones civiles densément peuplées, semant la terreur parmi les civils.
Dans ce contexte, comme l’a signalé un autre membre de la Commission, Hanny Megally, l’émergence de la pandémie Covid-19 a exacerbé une situation humanitaire déjà terrible en Syrie. Pour cette raison, la population syrienne a besoin, « plus que jamais », d’une aide humanitaire qui n’est pas « politisée par les États membres ou exploitée par les parties impliquées dans le conflit ». « Les pandémies ne connaissent pas de frontières, pas plus que les aides vitales », a déclaré Megally. Enfin et surtout, la Commission a exhorté toutes les parties engagées en Syrie à cesser les attaques contre des biens et des objets civils et a appelé les États membres à traduire en justice les responsables des crimes énumérés au tribunal.
Le rapport devrait être présenté les 14 et 15 juillet, lors de la 44e session du Conseil des droits de l’homme. La commission d’enquête a été créée en mars 2011 dans le but d’enquêter sur les violations des droits de l’homme et du droit international commises en Syrie. Depuis lors, une vingtaine de rapports ont été publiés.
Amnesty International, une organisation non gouvernementale engagée dans la défense des droits de l’homme, a déclaré avoir documenté 18 attaques contre des écoles et des infrastructures médicales au cours de la période du 5 mai 2019 au 25 février 2020, qui ont eu lieu à Idlib, Hama et à l’ouest d’Alep. Ces actions, selon Amnesty, ont été menées par les forces gouvernementales syriennes, avec l’aide de Moscou, et constituaient des «crimes de guerre», et représentaient une violation du droit international humanitaire.