Le mouvement des Frères musulmans et les rebelles chiites houthis ont présenté un plan pour prendre le contrôle du détroit de Bab al-Mandab ainsi que du port yéménite de Mocha sur la côte de la mer Rouge.
Cela a été révélé sur la base d’un enregistrement d’un chef et conseiller militaire des Frères musulmans, Abdou Farhan al-Mikhlafi, principalement responsable du gouvernorat de Ta’izz. En particulier, al-Mikhlafi a parlé d’un plan non officiel selon lequel son organisation et les rebelles houthis recevraient un soutien militaire de la Turquie et une couverture de l’Iran pour reprendre le port stratégique de Mocha.
Ce n’est pas la première fois que les Houthis et les Frères musulmans, avec le soutien de l’Iran, du Qatar et de la Turquie, tentent de montrer une mauvaise image sur le rôle de Riad et d’Abou Dhabi au Yémen, dans le but ultime de former un nouveau bloc «anti-légitimité », caractérisée par une approche entre rebelles et Frères musulmans, tant au niveau politique que militaire. Ce phénomène a également été révélé en référence aux tensions, survenues ces derniers mois, entre le gouvernement central yéménite, lié au président Abdrabbo Mansour Hadi, et les groupes sécessionnistes du Sud, représentés par le Southern Transition Council (STC).
La campagne de dénigrement a été menée principalement par l’intermédiaire du soi-disant «courant de Doha», un parti islamiste yéménite proche des Frères musulmans, dont les représentants comprennent un ancien ministre des transports, Saleh al-Jabwani, qui, après avoir été en visite secrète à la capitale qatari, il a prévu la création d’un camp d’entraînement militaire financé par le Qatar. Les « hommes de Doha » visent à saboter l’accord de Riyad du 5 novembre 2019, dont l’objectif est de mettre fin aux tensions sécessionnistes et de donner vie à un nouveau gouvernement avec une représentation équitable du Conseil de transition sud et d’autres forces politiques Yéménite.
Cependant, le plan de blocus «anti-légitimité» concerne principalement la côte ouest yéménite et quatre gouvernorats, en particulier Ma’rib, Shabwa, Taiz et al-Mahra. Celles-ci se caractérisent par un climat hostile au rôle saoudien au Yémen, où l’axe Doha-Ankara n’aurait aucune difficulté à mettre en évidence les défauts de la coalition menée par Riyad.
Dans le même temps, dans ces domaines, les activités subversives du « courant de Doha » peuvent trouver le soutien et la couverture de dirigeants politiques qui sont membres des Frères musulmans et, en même temps, toujours bien considérés par Riyad et Abu Dhabi. Leur stratégie est de soutenir ouvertement la coalition arabe et, dans le même temps, d’essayer de permettre à l’alliance turco-Qatarienne de prendre le contrôle des institutions étatiques au niveau local et des forces de sécurité et de l’armée. En outre, pour atteindre ses objectifs, le courant pro-qatari a persuadé certains responsables gouvernementaux de s’engager à discréditer l’alliance arabe et à remettre en question ses objectifs dans des interviews et des déclarations dans les médias.
L’axe Qatar-Turquie-Iran tenterait de former une large coalition comprenant les Frères musulmans, les Houthis, un groupe sudiste pro-iranien dirigé par Hassan Baoom, chef d’un groupe politique dans le sud du Yémen, et certains dirigeants du parti du Congrès général du peuple, fidèles aux rebelles houthis. Cette alliance comprendrait alors un certain nombre de dirigeants du gouvernement yéménite qui ont été accusés d ‘«opportunisme politique», comme le ministre de l’Intérieur, Ahmed al-Misri, l’ancien ministre des transports, Saleh al-Jabwani, et le vice-président du Parlement, Abdul Aziz Jabbari, ainsi que certains conseillers qui ont récemment exprimé leur opposition à l’alliance arabe et ont appelé à un rapprochement avec les milices houthies.
En réalité, selon certains analystes, les opérations du Qatar au Yémen font office de pont pour la Turquie, afin qu’elle puisse intervenir dans le pays sur la base d’un accord tacite, conclu avec les « délégués de Téhéran », qui lui permettrait de contrôler les provinces grâce à l’aide de membres des frères musulmans infiltrés dans le gouvernement yéménite, de membres du «courant de Doha» et du parti «al-Islah».