Le climat politique en Turquie continue de se tendre alors qu’un procureur d’Istanbul a requis une peine pouvant aller jusqu’à sept ans et quatre mois de prison contre Ekrem Imamoglu, maire d’Istanbul et figure emblématique de l’opposition. L’accusation repose sur des faits présumés « d’insulte et de menace contre un agent public », selon l’agence de presse étatique Anadolu.
Cette sentence, si elle venait à être prononcée, serait assortie d’une interdiction d’exercer une fonction publique, ce qui pourrait gravement affecter l’avenir politique d’Imamoglu et du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), principal parti d’opposition.
Ekrem Imamoglu a été mis en examen pour avoir tenu des propos critiques à l’égard du procureur général d’Istanbul et d’un expert judiciaire impliqué dans plusieurs enquêtes contre des municipalités dirigées par l’opposition.
Dans une déclaration publiée sur X (ex-Twitter), Imamoglu a vivement dénoncé cette procédure, affirmant :
« Le président Erdogan, qui suit ces procès de près, pense apparemment qu’il restera au pouvoir grâce à ces petits jeux au lieu de se présenter honorablement devant la nation lors des élections. »
e maire d’Istanbul, qui a remporté les élections municipales de 2019 face à l’AKP, est considéré comme l’un des principaux rivaux du président Recep Tayyip Erdogan pour les futures élections. Avec Mansur Yavas, maire d’Ankara et également membre du CHP, Imamoglu incarne une opposition crédible face au pouvoir en place.
Depuis son élection, il fait l’objet de multiples enquêtes et poursuites judiciaires, ce que ses partisans qualifient de « harcèlement judiciaire orchestré par le pouvoir ».
Après son audition vendredi dernier, il a pris la parole devant une foule de soutiens, dénonçant une instrumentalisation de la justice à des fins politiques.
Depuis plusieurs années, la Turquie est marquée par une vague de répression contre les opposants politiques, les journalistes et les militants des droits de l’Homme. Les critiques accusent le président Erdogan d’avoir renforcé son emprise sur la justice, transformant les institutions judiciaires en un instrument pour écarter ses adversaires politiques.
L’affaire Imamoglu intervient alors que la Turquie se prépare à de nouvelles élections municipales en 2024, où la mairie d’Istanbul constitue un enjeu crucial pour le pouvoir et l’opposition.
Si Imamoglu venait à être condamné et interdit d’exercer une fonction publique, cela représenterait un coup dur pour l’opposition, qui voit en lui un espoir de renouveau politique face à l’AKP au pouvoir.
Alors que la pression judiciaire s’intensifie, Imamoglu et ses soutiens semblent déterminés à poursuivre leur combat politique. Toutefois, cette affaire judiciaire pourrait compliquer ses ambitions et redéfinir le paysage politique turc à l’approche des prochaines échéances électorales.
L’issue de ce procès est donc scrutée de près, tant en Turquie qu’à l’international, alors que le pays traverse une période d’incertitude politique et démocratique.