Alors que les relations entre Paris et Alger s’enfoncent dans une crise ouverte, Bruno Retailleau, ministre français de l’Intérieur, a ravivé les tensions ce dimanche en assumant une « riposte graduée » déjà en marche contre l’Algérie. Dans un entretien au Figaro, il a dévoilé des mesures concrètes, comme des expulsions à l’aéroport de Roissy, illustrant une politique de fermeté assumée. « Nous avons mis en œuvre une riposte à nos frontières, notamment à Roissy, où les Algériens munis de passeports diplomatiques doivent désormais présenter un ordre de mission. Plusieurs ont été renvoyés dans leur pays », a-t-il expliqué, ciblant en priorité des figures influentes de la « nomenklatura algérienne ».
Un incident a mis en lumière la fermeté de Bruno Retailleau : l’épouse de l’ambassadeur d’Algérie au Mali s’est vu interdire l’entrée en France à l’aéroport de Roissy, les autorités invoquant des « documents de voyage » non conformes. Pour Paris, il s’agit d’un contrôle renforcé justifié ; pour Alger, une provocation gratuite
. L’agence officielle algérienne APS a réagi dès samedi, condamnant une mesure « arbitraire et humiliante ». Selon elle, la voyageuse était en règle – certificat d’hébergement, assurance, carte de crédit de son mari en poche – et le prétexte français d’un « manque d’argent » ne tient pas. « À peine Macron appelle-t-il au dialogue que son ministre en rajoute une couche de haine », a cinglé l’agence.
Ce nouvel accroc s’inscrit dans une spirale de tensions. Retailleau, partisan d’une ligne inflexible sur l’immigration, accuse l’Algérie de traîner des pieds pour reprendre ses ressortissants en situation irrégulière. Vendredi, Emmanuel Macron avait plaidé pour une relance des discussions sur les accords bilatéraux, cherchant à calmer le jeu. Un effort balayé par son ministre, qui vante une « riposte graduée » : « On commence par des mesures ciblées, avant d’envisager plus large », a-t-il averti, suggérant une possible escalade.