Quatre mois après le passage d’un cyclone dévastateur qui a coûté la vie à 40 personnes et infligé plus de 3,5 milliards d’euros de dégâts, Emmanuel Macron s’est rendu à Mayotte pour annoncer un plan d’investissement inédit de 3,2 milliards d’euros. Objectif : reconstruire, stabiliser et redonner un avenir à ce territoire ultra-marin oublié, où les défis humanitaires, sociaux et sécuritaires s’entremêlent.
Mayotte, département français depuis 2011, est aussi le plus pauvre du pays. Le cyclone de décembre 2024 a agi comme un révélateur brutal des failles structurelles de l’île : logements précaires, infrastructures défaillantes, accès limité à l’eau potable et au soin, immigration incontrôlée, insécurité croissante.
« Mayotte ne peut plus attendre. Ce territoire mérite la même dignité que n’importe quelle autre partie de la République », a déclaré Emmanuel Macron en s’adressant aux élus locaux à Mamoudzou.
Présenté comme une véritable feuille de route pour l’avenir de Mayotte, le projet du président Macron prendra la forme d’un texte de loi qui sera soumis au Parlement d’ici l’été 2025. Il s’étendra sur une période de six ans, avec pour ambition de reconstruire l’île, tout en posant les bases d’un développement durable et équilibré. Ce plan s’articule autour de cinq grands axes :
La reconstruction rapide des infrastructures essentielles, durement touchées par le cyclone de décembre 2024, avec une priorité donnée à l’accès à l’eau, à l’électricité, et aux routes.
Le renforcement du système de santé, dans un contexte sanitaire fragile. Une campagne de vaccination contre le chikungunya sera lancée dès ce mardi, accompagnée de moyens supplémentaires pour les structures hospitalières.
Une action sécuritaire et migratoire intensifiée, destinée à lutter contre l’immigration irrégulière, les logements insalubres et une insécurité devenue chronique dans plusieurs quartiers de l’île.
Des mesures de soutien économique concrètes, notamment sous forme de prêts à taux zéro pour les foyers sinistrés et les petites entreprises locales, afin de relancer l’activité.
Un nouveau projet aéroportuaire, en remplacement de l’allongement de la piste à Petite-Terre, jugé techniquement irréalisable. Ce nouvel équipement devra permettre de désenclaver durablement le territoire.
Ce plan de grande envergure sera financé par une enveloppe de 3,2 milliards d’euros, provenant de fonds nationaux, européens et internationaux. Il vise à répondre à l’urgence tout en amorçant une transformation structurelle de l’île, pour faire de Mayotte un territoire résilient, sûr et tourné vers l’avenir.
Lors de sa visite à l’hôpital de Mamoudzou, le chef de l’État a été interpellé par une infirmière sur le manque de personnel et de matériel. « Il faut plus de moyens, et dans la durée », a-t-elle plaidé. Emmanuel Macron a assuré que des renforts et des investissements hospitaliers étaient en cours de déploiement.
Terre de tensions migratoires, Mayotte attire chaque année des milliers de Comoriens en situation irrégulière. Un tiers de la population y vivrait sans papiers, souvent dans des conditions indignes. La situation a fait de Mayotte un terrain fertile pour les discours populistes, et un sujet hautement sensible dans le débat politique français.
En 2022, Marine Le Pen y avait réalisé l’un de ses meilleurs scores. Pour Macron, ce plan massif est aussi une réponse politique : reprendre le contrôle, montrer que la République est présente, et offrir des perspectives concrètes à une jeunesse en quête d’avenir.