Manille, 29 mai 2025 – Dans un geste spectaculaire aux allures de reprise en main politique, le président philippin Ferdinand Marcos Jr. a exigé la démission immédiate de l’ensemble des dirigeants des entreprises publiques, quelques jours seulement après avoir demandé à tous les membres de son cabinet d’en faire autant. Cette décision marque un tournant dans la gouvernance de l’administration Marcos, confrontée à une chute notable de sa popularité et à une contestation croissante de son autorité.
L’ordre concerne les présidents, PDG, directeurs, administrateurs et membres des conseils d’administration des sociétés détenues et contrôlées par l’État (GOCC – Government-Owned and Controlled Corporations), selon une note officielle diffusée mercredi par la Commission de gouvernance des GOCC.
« Ce processus fait partie d’une évaluation rigoureuse de la performance du gouvernement dans son ensemble », a déclaré Lucas Bersamin, secrétaire exécutif de la présidence. « Le président attend des résultats concrets. Il ne tolérera plus les contre-performances. »
Ce coup de balai administratif survient après le revers électoral subi par les alliés du président aux élections sénatoriales du 12 mai, qui a affaibli son emprise sur le pouvoir législatif. Le chef de l’État, élu en 2022 sur un discours de réconciliation nationale, voit aujourd’hui sa légitimité érodée à mi-mandat. Un récent sondage de Pulse Asia révèle une chute brutale de son taux d’approbation, tombé à 25 % en mars, contre 42 % un mois plus tôt. En cause : l’échec à maîtriser l’inflation et la perception d’une corruption persistante, deux problèmes jugés prioritaires par la population.
La manœuvre vise autant à reprendre le contrôle de l’appareil d’État qu’à envoyer un message fort au public et à l’opposition : Marcos veut montrer qu’il reste maître du jeu politique, prêt à écarter les profils jugés inefficaces ou politiquement encombrants.
Malgré les demandes de démission, les responsables concernés continueront d’exercer leurs fonctions jusqu’à ce que leurs éventuels remplaçants soient nommés. Bersamin a insisté sur le fait que « personne n’abandonne ses fonctions » tant que des instructions officielles n’ont pas été données.
Fils du défunt dictateur Ferdinand Marcos Sr., le président actuel tente de concilier héritage familial, autorité ferme et modernisation de la bureaucratie, mais cette dernière décision pourrait également s’avérer périlleuse. Un remaniement aussi large risque de provoquer des blocages institutionnels temporaires et d’accentuer les tensions politiques.
Alors que la deuxième moitié de son mandat s’amorce sous pression, Ferdinand Marcos Jr. joue une partie cruciale pour sauver son image, redresser ses indicateurs économiques et préserver sa majorité dans une démocratie philippine toujours fragile.