Washington, 29 mai 2025 – L’entrepreneur milliardaire Elon Musk a officiellement mis un terme à son mandat de « conseiller spécial » auprès de l’administration Trump, quittant la direction du controversé Department of Government Efficiency (DOGE), après seulement 130 jours d’un engagement aussi tumultueux que symbolique.
C’est par une sobre publication sur sa plateforme X que Musk a confirmé la nouvelle :« Mon mandat au sein du gouvernement touche à sa fin. Je remercie le président Trump pour l’opportunité de réduire les dépenses inutiles. DOGE n’est pas mort, il devient un mode de vie. »
Ce départ, bien qu’attendu – la loi autorisant ce type de postes spéciaux limite leur durée – intervient dans un climat de tensions croissantes entre Musk et les membres de l’équipe Trump, notamment après la publication du projet de budget fédéral jugé « décevant » par l’homme d’affaires.
DOGE, entité créée au lendemain de l’investiture de Donald Trump en janvier, avait pour mission de réduire drastiquement les dépenses de l’État. Musk, séduit par cette promesse de « purification bureaucratique », s’était engagé à réduire le budget fédéral de 2 000 milliards de dollars – un objectif qu’il a fini par réviser à la baisse à… 150 milliards.
Le bilan est mitigé : environ 260 000 postes de fonctionnaires fédéraux supprimés ou restructurés, dont certains dans des secteurs sensibles, comme le nucléaire ou la santé publique. Plusieurs juges fédéraux ont ordonné la réintégration de centaines d’employés, dénonçant des procédures arbitraires.
Malgré sa visibilité médiatique, Musk n’a jamais été un véritable décideur gouvernemental. Selon des documents consultés par CBS News, il ne détenait ni badge officiel ni autorité statutaire : un statut hybride, à mi-chemin entre le lobbyiste et le porte-étendard idéologique. Ce flou n’a fait qu’alimenter les critiques autour de son rôle réel dans l’administration.
La coïncidence est frappante : au moment où Musk s’engageait à plein temps dans DOGE, les ventes de Tesla ont chuté de 13 %, un record historique pour la firme. La bourse a sanctionné cette perte de vitesse, le cours de l’action dévissant de 45 % avant un léger rebond.
Des manifestations, des actes de vandalisme contre les concessions Tesla, et une image ternie par son engagement politique ont poussé Musk à annoncer son retour à la tête de ses entreprises.
« Je vais consacrer beaucoup moins de temps à DOGE. Tesla doit redevenir ma priorité absolue », déclarait-il fin avril.
Il a également annoncé une réduction drastique de ses dons politiques, après avoir investi près de 300 millions de dollars dans la campagne de Trump et d’autres candidats républicains en 2024.
Le départ d’Elon Musk marque la fin d’un épisode rocambolesque dans l’administration Trump, mêlant ambitions technocratiques, idéologie libertarienne et chaos bureaucratique. S’il voulait incarner la rupture et l’efficacité, Musk aura surtout souligné les limites d’un pouvoir sans légitimité institutionnelle, et les conséquences d’un double engagement mal maîtrisé, entre politique et affaires.
DOGE survivra peut-être en tant qu’idée, mais son premier visage public, lui, retourne à ses fusées… et à ses voitures.