Le 30 mai 2025, le Pakistan a annoncé sa décision de nommer un ambassadeur à Kaboul, marquant ainsi une étape significative dans la normalisation de ses relations avec l’Afghanistan dirigé par les talibans. Cette décision survient après une période de tensions marquées, notamment en raison des activités du Tehrik-e-Taliban Pakistan (TTP), un groupe militant opérant depuis le territoire afghan.
Jusqu’à présent, les deux pays maintenaient des relations diplomatiques au niveau de chargés d’affaires. Le ministre pakistanais des Affaires étrangères, Ishaq Dar, a souligné que cette décision vise à renforcer la coopération économique, stimuler le commerce bilatéral et intensifier les efforts conjoints pour lutter contre le terrorisme. Cette annonce fait suite à une rencontre trilatérale à Pékin, en avril 2025, entre les ministres des Affaires étrangères du Pakistan, de l’Afghanistan et de la Chine, où des discussions sur le renforcement des liens diplomatiques ont eu lieu.
Malgré cette avancée diplomatique, des tensions subsistent entre les deux nations. Le Pakistan accuse l’Afghanistan d’offrir un refuge au TTP, ce que Kaboul nie. Des affrontements sporadiques ont été signalés le long de la frontière, notamment dans les districts de Helmand et de Khost, exacerbant les inquiétudes sécuritaires. De plus, le Pakistan a récemment intensifié les expulsions de réfugiés afghans, affectant près de trois millions de personnes, une situation qui a suscité des préoccupations humanitaires internationales.
Cette nomination d’un ambassadeur à Kaboul est perçue comme un pas vers une reconnaissance implicite du gouvernement taliban, bien qu’aucun pays n’ait officiellement reconnu ce régime en raison de préoccupations concernant les droits humains, notamment ceux des femmes. Le Pakistan devient ainsi le quatrième pays, après la Chine, les Émirats arabes unis et l’Ouzbékistan, à désigner un ambassadeur en Afghanistan.
Les observateurs estiment que cette évolution pourrait ouvrir la voie à une coopération accrue entre les deux pays, notamment dans les domaines du commerce, de la sécurité et des échanges culturels. Cependant, la mise en œuvre effective de ces initiatives dépendra de la capacité des deux nations à surmonter les défis sécuritaires et humanitaires persistants.