Dans ce qui s’apparente à un tournant spectaculaire dans les relations franco-algériennes, Paris envisage de frapper là où cela fait le plus mal : les portefeuilles. Selon des sources proches de l’exécutif, relayées notamment par L’Express, la France s’apprête à geler les avoirs de vingt hauts responsables algériens, dans un contexte de tensions diplomatiques explosives, où les attaques verbales ont désormais laissé place à des représailles concrètes.
Inspirée des sanctions occidentales contre les oligarques russes après l’invasion de l’Ukraine, cette mesure viserait des figures-clés du régime algérien, dont les fortunes personnelles sont largement exposées en France. Sont dans le viseur : comptes bancaires, participations dans des entreprises, biens immobiliers somptueux à Paris et sur la Côte d’Azur. En somme, le patrimoine dissimulé de ceux qui, tout en vitupérant la France devant les caméras, ont depuis des décennies bâti leur richesse et sécurisé leur avenir sous ses cieux.
Le point de rupture ? Le soutien officiel de Paris à la souveraineté marocaine sur le Sahara, une ligne rouge pour Alger. La réponse algérienne ne s’est pas fait attendre : refus de coopérer sur les expulsions de ressortissants sous OQTF, arrestation d’un écrivain franco-algérien, expulsion de diplomates français, et, plus grave encore, l’organisation d’un enlèvement politique à l’étranger avec la complicité du corps consulaire.
À cette escalade hostile, la France oppose désormais une stratégie ciblée et redoutablement symbolique : exposer les contradictions de l’élite algérienne. Car si les discours anti-français pullulent à Alger, leurs auteurs vivent, investissent, soignent leur famille et éduquent leurs enfants… en France.
Ce gel d’avoirs ne se limite pas à une simple mesure technique ; il s’agit d’un signal politique fort. La France entend mettre fin à l’impunité d’une classe dirigeante qui confisque la souveraineté populaire tout en se protégeant derrière les vitrines de la République française. Pour nombre d’analystes, ce « double jeu » touche à sa fin.
Selon des rapports confidentiels, plus de 800 figures de la nomenklatura algérienne posséderaient des biens ou des fonds en France. Des actifs souvent dissimulés, acquis via des circuits opaques dans un contexte où le contrôle des changes en Algérie rend de tels transferts hautement suspects. Blanchiment d’argent, corruption systémique, détournement de fonds publics : autant de chefs d’inculpation potentiels qui, désormais, ne seront plus ignorés.
Paris s’appuierait sur une base juridique solide : les lois françaises permettent le gel des avoirs en cas d’ingérence étrangère, de corruption ou de menaces à l’ordre public. La révocation récente des exemptions de visa pour les diplomates algériens constituait déjà une première salve. Le gel des biens pourrait représenter l’étape suivante – et la plus douloureuse pour le pouvoir algérien.
Ce message adressé par la France va au-delà du contentieux bilatéral : il vise à rappeler que les discours souverainistes creux ne peuvent pas éternellement couvrir une réalité fondée sur la prédation et la fuite des capitaux. Une mise à nu brutale du paradoxe algérien : un régime qui prône la rupture avec l’Occident mais dont l’élite place tous ses œufs… dans le panier occidental.
Si elle est confirmée, cette décision pourrait inaugurer une ère nouvelle dans les rapports entre Paris et Alger. Elle traduit aussi une volonté croissante, côté français, de passer du registre diplomatique à l’action concrète, après des années de retenue et de demi-mesures. Reste à savoir quelle sera la réaction d’Alger : surenchère nationaliste ou tentatives de désescalade.
Dans tous les cas, le gel des avoirs, s’il est mis en œuvre, aura valeur de symbole. Celui d’une France qui refuse désormais d’être le coffre-fort des corrompus qu’elle héberge. Et celui d’un régime algérien mis face à ses propres contradictions, entre rhétorique anti-impérialiste et attrait compulsif pour les privilèges de l’ancienne puissance coloniale.