L’hémicycle néo-zélandais a connu un moment électrique ce mardi, lorsque Chlöe Swarbrick, co-dirigeante du Parti vert, a été contrainte de quitter la Chambre des représentants au beau milieu d’un débat explosif sur la reconnaissance de l’État palestinien.
L’incident survient alors que le gouvernement de centre droit, dirigé par le ministre des Affaires étrangères Winston Peters sur ce dossier, a annoncé qu’il se donnait jusqu’en septembre pour se prononcer, après un mois de consultations avec ses partenaires internationaux. Une position jugée beaucoup trop prudente par l’opposition, alors que le Royaume-Uni, le Canada, la France et l’Australie ont déjà affiché leur intention de reconnaître la Palestine lors de la prochaine conférence des Nations unies.
Lors du débat urgent convoqué à Wellington, Chlöe Swarbrick a exhorté la majorité à soutenir le projet de loi déposé en mars par son parti, visant à « sanctionner Israël pour ses crimes de guerre ». Ce texte bénéficie déjà de l’appui du Parti travailliste et de Te Pāti Māori, mais nécessitait six votes supplémentaires pour passer.
C’est alors que la députée a lancé une phrase qui allait déclencher la crise :« Si nous trouvons six des 68 députés du gouvernement qui ont du cran, nous pourrons nous tenir du bon côté de l’Histoire. »
Immédiatement, le président de la Chambre, Gerry Brownlee, est intervenu :
— « C’est totalement inacceptable. Retirez vos propos et présentez des excuses. »
— « Non. » a sèchement répondu Swarbrick.
— « Alors quittez la Chambre pour le reste de la semaine. »
— « Heureusement. » a-t-elle répliqué, avant de se lever et de quitter l’enceinte, suivie par ses collègues verts.
À l’extérieur, devant les journalistes, la députée n’a montré aucun signe de regret.
« Un génocide est en cours et notre gouvernement reste les bras croisés », a-t-elle accusé.
Interrogée sur la sévérité de la sanction, elle a répondu :« Oui, c’était excessif… et franchement modéré si on le compare aux crimes de guerre en cours. »
Peu après, Gerry Brownlee a précisé que Swarbrick pourrait réintégrer l’hémicycle dès mercredi si elle présentait ses excuses au début de la séance. En cas de refus, elle serait de nouveau exclue.
Il a rappelé que, selon le règlement, un président ne peut expulser un député que pour la journée, mais peut renvoyer l’affaire au Comité des privilèges pour examen de sanctions plus lourdes.
« Je ne vais pas tolérer qu’un membre se lève et affirme que d’autres députés manquent de courage », a-t-il insisté, affirmant avoir dès le début du débat appelé à un échange « respectueux des points de vue divergents ».
Pour l’opposition, la lenteur de l’exécutif équivaut à un abandon des valeurs humanitaires que la Nouvelle-Zélande a longtemps revendiquées. Pour le gouvernement, au contraire, la prudence est un gage de crédibilité diplomatique dans un contexte international polarisé.
En septembre, Wellington devra trancher. Mais l’épisode Swarbrick pourrait bien marquer durablement la mémoire politique du pays — et devenir un symbole de résistance pour ses partisans, ou de transgression pour ses détracteurs.