Le président américain Donald Trump a franchi une étape décisive vendredi en signant un décret validant la cession des activités américaines de TikTok pour un montant estimé à 14 milliards de dollars. Cette décision marque l’aboutissement de plusieurs mois de bras de fer diplomatique, juridique et économique entre Washington et Pékin, autour de la propriété de la célèbre application de partage de vidéos.
TikTok, qui compte près de 170 millions d’utilisateurs aux États-Unis, était depuis longtemps dans le collimateur de l’administration américaine pour des raisons de sécurité nationale. Washington accusait l’entreprise mère, la société chinoise ByteDance, de menacer la confidentialité des données des utilisateurs américains et de maintenir un lien trop étroit avec le gouvernement chinois.
En signant ce décret, Trump officialise un changement de gouvernance radical : TikTok US sera désormais « entièrement géré par des Américains », a-t-il déclaré dans le Bureau ovale. Selon lui, l’accord représente « une victoire pour la sécurité nationale et pour la jeunesse américaine ».
Donald Trump a affirmé avoir obtenu le feu vert de son homologue chinois Xi Jinping lors d’une conversation téléphonique le 20 septembre. ByteDance, dans un communiqué, a confirmé son intention de se conformer à la législation chinoise tout en permettant à la nouvelle entité américaine de fonctionner librement. « TikTok continuera de servir les utilisateurs américains », a indiqué le groupe, tout en insistant sur sa volonté de coopérer à la mise en œuvre du projet.
Au cœur de l’accord, on retrouve plusieurs investisseurs américains de poids. Le géant technologique Oracle et le fonds de capital-investissement Silver Lake devraient ensemble détenir environ 50 % du capital de TikTok US. D’autres figures majeures du monde des affaires, telles que Michael Dell (fondateur de Dell Technologies) et Rupert Murdoch (Fox News, News Corp.), participeront également au tour de table.
De son côté, ByteDance conservera moins de 20 % des parts, conformément à la loi américaine de 2024 imposant une séparation nette entre TikTok et la Chine. Un conseil d’administration composé de sept membres dirigera la nouvelle entité, dont six Américains et un représentant de ByteDance.
Le décret signé par Trump stipule que l’algorithme de recommandation, véritable moteur de l’attractivité de TikTok, sera soumis à la supervision de partenaires américains en matière de cybersécurité. Cet élément reste néanmoins le point le plus sensible de l’accord : plusieurs experts estiment que si ByteDance conserve un rôle, même indirect, dans la gestion de cet algorithme, l’indépendance de TikTok US pourrait être remise en cause.
La Maison Blanche a fixé la valorisation de TikTok US à 14 milliards de dollars, un montant largement inférieur aux estimations des analystes, qui situaient la valeur de la plateforme entre 30 et 40 milliards de dollars (hors algorithme). À titre de comparaison, ByteDance est valorisé à plus de 330 milliards de dollars.
Cette différence soulève des critiques : certains élus américains accusent l’administration Trump d’avoir bradé un actif stratégique, tandis que d’autres estiment au contraire que l’accord représente une opportunité pour sécuriser un outil numérique majeur à moindre coût.
L’accord repousse au 20 janvier 2026 la date butoir fixée par la loi de 2024, qui prévoyait l’interdiction de TikTok si ByteDance n’avait pas cédé ses actifs américains. Mais l’opération suscite encore des doutes : des parlementaires républicains réclament des garanties supplémentaires pour s’assurer qu’aucune influence du Parti communiste chinois ne subsiste.
En attendant, Donald Trump capitalise sur ce succès politique et médiatique, rappelant que TikTok a contribué à sa réélection grâce à son audience massive auprès des jeunes. Lui-même compte plus de 15 millions d’abonnés sur son compte personnel.
« TikTok restera aux États-Unis. Désormais, il sera géré par des Américains, pour les Américains », a martelé le président, présentant l’accord comme une victoire stratégique face à Pékin et un symbole de la souveraineté numérique américaine.