Les Moldaves étaient appelés aux urnes ce week-end pour renouveler leur Parlement. Selon les résultats officiels, le Parti Action et Solidarité (PAS), formation proeuropéenne au pouvoir, a remporté plus de 50 % des suffrages, consolidant ainsi sa position dominante sur la scène politique moldave. Mais cette victoire, saluée par Bruxelles, est immédiatement contestée par l’opposition prorusse.
Le Bloc patriotique, mené notamment par l’ancien président Igor Dodon, refuse de reconnaître les résultats. Les dirigeants de ce camp dénoncent un scrutin « truqué », pointant des irrégularités et appelant leurs partisans à descendre dans la rue.
Sur les réseaux sociaux, de nombreux témoignages ont circulé, affirmant que des citoyens auraient été empêchés de voter. Des images montrent notamment des embouteillages massifs aux points de passage vers la Moldavie depuis la Transnistrie, région séparatiste prorusse où vivent de nombreux électeurs disposant de passeports moldaves.
Les autorités reconnaissent que seuls douze bureaux de vote étaient ouverts dans cette zone, contre trente lors du référendum sur l’adhésion à l’Union européenne en octobre 2024. Des suspicions renforcées par la fermeture temporaire de certains secteurs, bloqués quelques heures après une alerte à la bombe.
Pourtant, selon la Commission électorale centrale, la participation – 51,9 % – reste comparable aux scrutins précédents (52,3 % en 2021), ce qui contredit l’idée d’une mobilisation entravée à grande échelle.
Le second foyer de contestation provient de l’exclusion de deux formations prorusses, interdites de présenter des candidats à la suite d’enquêtes judiciaires. Le parti « Cœur de la Moldavie », accusé de financements illégaux, d’achats de voix et de blanchiment d’argent, a même été suspendu pour un an, à la demande du ministère de la Justice et avec l’aval de la Commission électorale.
Les autorités affirment que ces pratiques étaient orchestrées sous influence de Moscou, un point vivement rejeté par les leaders prorusses, qui crient à la répression politique.
Ces élections illustrent une fois encore la profonde fracture qui traverse la Moldavie, partagée entre son aspiration européenne et les liens persistants avec la Russie. Alors que le PAS sort renforcé de ce scrutin, l’opposition prorusse brandit la carte de la contestation et menace de déstabiliser le pays par la rue.
La bataille autour de la légitimité du vote dépasse donc les frontières moldaves : Bruxelles y voit un pas de plus vers l’intégration européenne, tandis que Moscou observe avec inquiétude la consolidation d’un pouvoir résolument tourné vers l’Ouest.