Les États-Unis sont officiellement paralysés. Pour la première fois depuis six ans, le gouvernement fédéral a fermé ses portes, plongeant Washington dans une crise politique et administrative majeure. Le Congrès n’a pas réussi à adopter un projet de loi de financement à temps pour le nouvel exercice fiscal, déclenchant un « shutdown » qui pourrait toucher 900 000 employés fédéraux et perturber des pans entiers de la vie américaine.
Le blocage découle d’un conflit acharné entre républicains et démocrates. Les républicains, majoritaires dans les deux chambres, n’ont pas obtenu les 60 voix nécessaires au Sénat pour adopter leur projet de loi de financement à court terme. Le principal point de discorde : l’Affordable Care Act (Obamacare). Les démocrates exigent l’annulation des récentes coupes dans Medicaid et la prolongation des crédits d’impôt qui réduisent le coût des assurances pour les Américains à faibles revenus.
Les tentatives de compromis ont échoué. Des projets de loi temporaires de sept à dix jours ont été rejetés par les républicains, et les discussions entre Trump et les dirigeants démocrates, Chuck Schumer et Hakeem Jeffries, n’ont abouti à rien. Sur sa plateforme Truth Social, Trump a même diffusé une vidéo polémique « deepfake » ridiculisant les leaders démocrates, intensifiant la tension politique.
Des centaines de milliers de fonctionnaires non essentiels sont mis en congé, certains risquant même un licenciement définitif, une mesure inédite par rapport aux précédentes fermetures. Les travailleurs essentiels — militaires, agents du FBI et de la CIA, contrôleurs aériens, hôpitaux publics — continueront de travailler sans être rémunérés jusqu’à ce que le financement soit rétabli.
Certains services continuent malgré tout ? sécurité sociale, Medicare et le service postal restent opérationnels, tandis que parcs nationaux, musées, inspections alimentaires et certaines audiences d’immigration sont suspendus. Le retard probable dans la publication des données sur l’emploi et l’inflation pourrait perturber les marchés financiers et les décisions d’investissement, avec un impact économique plus large si le shutdown se prolonge.
Les États-Unis ont déjà connu des paralysies gouvernementales. Le plus long « shutdown » moderne a duré 35 jours en 2018 sous Trump, à cause du financement du mur à la frontière mexicaine. En 2013, sous Obama, le gouvernement avait été paralysé pendant 16 jours lorsque les républicains avaient tenté de bloquer l’Obamacare. Depuis les années 1970, plusieurs présidents — Reagan, Carter, Clinton — ont été confrontés à ce type de blocage.
Avec les élections de mi-mandat prévues en novembre, la pression électorale sur les républicains est énorme. Les négociations restent dans l’impasse et aucune solution ne semble imminente. L’avenir immédiat des employés fédéraux et la stabilité des services publics américains dépendent désormais d’un compromis qui tarde à se dessiner.