Lundi, un procès très médiatisé s’est ouvert au Gabon, impliquant Sylvia Bongo Ondimba, épouse de l’ancien président Ali Bongo, et leur fils aîné, Noureddin Bongo Valentin, ainsi que onze proches collaborateurs de la famille présidentielle. Les prévenus sont accusés de trahison, de détournement de fonds publics, de corruption active et de falsification de documents officiels, dans ce qui est perçu comme l’une des affaires judiciaires les plus sensibles depuis la destitution d’Ali Bongo par un coup d’État en août 2023.
Bien que l’ancien président ne soit pas poursuivi, le gouvernement gabonais soutient que Sylvia Bongo a exercé une influence décisive sur les affaires de l’État, manipulant son mari, déjà affaibli par un grave AVC survenu en 2018, pour diriger de fait le pays à des fins personnelles. Selon les autorités, son fils et les proches collaborateurs visés ont participé à cette exploitation du pouvoir, en utilisant les ressources publiques à leur avantage.
Les accusations portent sur douze chefs d’infraction distincts, allant du détournement de fonds publics à la corruption active, en passant par la falsification de documents officiels. La Cour d’appel de Libreville a donc ouvert ses portes pour un procès qui s’annonce long et complexe, mettant en lumière les dysfonctionnements présumés du régime précédent et les pratiques financières opaques entourant la présidence Bongo.
Cependant, Sylvia et Noureddin Bongo ne sont pas présents à l’audience. En mai 2025, ils ont quitté le Gabon pour Londres après avoir été autorisés à sortir sous caution conditionnelle, officiellement pour des raisons médicales. Depuis, ils ont adopté une posture ouvertement conflictuelle envers les autorités gabonaises, qualifiant le procès de « spectacle » et de « farce judiciaire ». Ils ont également porté plainte en France, affirmant avoir été enlevés et torturés par l’armée gabonaise après la destitution de l’ancien président. Ces accusations ont été fermement démenties par le gouvernement gabonais, qui les considère comme infondées.
Neuf des douze autres accusés, tous proches alliés des Bongos, étaient présents dans la salle d’audience, attirant l’attention de nombreux curieux et médias. Des membres de la société civile gabonaise, qui se sont constitués parties civiles, ont dénoncé le refus de Sylvia et de son fils de se présenter devant la justice. « À l’époque, ils prétendaient que le système judiciaire gabonais faisait son travail. Maintenant qu’ils sont confrontés aux faits, ils doivent revenir pour répondre de leurs actes », a déclaré Ghislain Ngui Nze, porte-parole du collectif des citoyens indignés. Georges Mpaga, président du Réseau des organisations libres pour la bonne gouvernance, a ajouté : « Ce sont des criminels financiers qui ont détruit le pays, violé systématiquement les droits de l’homme et qui refusent maintenant d’être jugés. »
Le procès a également soulevé des questions de coopération judiciaire internationale. En vertu de la Convention des Nations Unies contre la corruption, la compétence universelle permettrait aux autorités gabonaises de rapatrier les avoirs présumés détournés par la famille Bongo et ses alliés. Les observateurs notent que cette procédure pourrait s’avérer déterminante pour récupérer d’éventuels fonds publics
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