Le 24 décembre 2025 Nasry Asfura, candidat conservateur du Parti national soutenu publiquement par le président américain Donald Trump, a été déclaré vainqueur de l’élection présidentielle hondurienne, près de quatre semaines après le scrutin du 30 novembre. Avec environ 40,3 % des voix selon les résultats officiels du Conseil national électoral (CNE), il devance de justesse son principal rival, Salvador Nasralla (Parti libéral, centre-droit), crédité de 39,5 %, tandis que Rixi Moncada, candidate du parti au pouvoir Libre (gauche) et soutenue par la présidente sortante Xiomara Castro, arrive troisième avec moins de 20 %. Cet écart infime – moins de 1 % – a alimenté une intense polarisation et des contestations virulentes, illustrant une fois de plus les fragilités démocratiques du Honduras.
Le processus électoral a été chaotique dès le départ. Des problèmes techniques répétés dans la transmission des résultats ont entraîné de multiples interruptions du dépouillement, obligeant à un recomptage manuel de près de 15 % des procès-verbaux (représentant des centaines de milliers de bulletins). Salvador Nasralla a dénoncé un « vol électoral » et refusé de reconnaître les résultats, accusant une manipulation des données et une altération des procès-verbaux originaux. De son côté, le parti Libre et la présidente Xiomara Castro ont parlé d’un possible « coup électoral » en cours, pointant du doigt des irrégularités et une ingérence étrangère.
Malgré ces allégations, les observateurs internationaux, dont ceux de l’Organisation des États américains (OEA) et de l’Union européenne (UE), n’ont pas signalé d’irrégularités graves de nature à invalider le scrutin. Le CNE a affirmé que plus de 98 % des bulletins avaient été traités et qu’il était « arithmétiquement impossible » d’inverser le résultat.
L’influence américaine a joué un rôle central et controversé. À la veille du vote, Donald Trump avait apporté un soutien explicite à Nasry Asfura, le qualifiant de « seul vrai ami de la liberté » au Honduras et menaçant de suspendre l’aide financière américaine si ce dernier n’était pas élu. Trump avait également gracié l’ancien président hondurien Juan Orlando Hernández (mentor politique d’Asfura et membre du même parti), condamné à 45 ans de prison aux États-Unis pour trafic de drogue. Ces interventions ont été dénoncées comme une ingérence directe par les opposants, renforçant les soupçons de pressions extérieures sur le processus électoral.
Nasry Asfura, 67 ans, surnommé « Tito », est un entrepreneur du secteur de la construction et ancien maire de Tegucigalpa. Fils d’immigrés palestiniens, il promet un programme pro-business axé sur l’attraction d’investissements étrangers, la création d’emplois, l’éducation et la sécurité. Il a également indiqué une possible rupture des relations diplomatiques avec la Chine (rétablies par Xiomara Castro en 2023) au profit d’un rapprochement avec Taïwan. À l’annonce de sa victoire, il a réagi sobrement sur les réseaux sociaux : « Honduras, je suis prêt à gouverner. Je ne vous décevrai pas. »
Cette élection marque un retour de la droite au pouvoir après le mandat de Xiomara Castro (2022-2026), première femme présidente du Honduras et issue de la gauche. Elle s’inscrit dans une vague conservatrice en Amérique latine, avec des victoires récentes de gouvernements de droite au Chili, en Bolivie ou au Pérou, même si les grandes économies comme le Brésil et le Mexique restent à gauche. Le président argentin Javier Milei a salué une « défaite catégorique du narcosocialisme ».
Sur le plan intérieur, Asfura hérite d’un pays confronté à des défis structurels : violence des gangs et du narcotrafic, pauvreté touchant plus de 60 % de la population, migration massive vers les États-Unis (qui accueillent environ 2 millions de Honduriens, dont les envois de fonds représentent un tiers du PIB), et une histoire marquée par les coups d’État (le dernier en 2009 ayant renversé Manuel Zelaya, époux de Xiomara Castro). Le nouveau président pourra compter sur le soutien traditionnel des forces armées, acteurs clés de la politique hondurienne.
Les réactions internationales ont été rapides. Le secrétaire d’État américain Marco Rubio a félicité Asfura pour une victoire « claire » et appelé à respecter les résultats, tout en soulignant la coopération future sur la sécurité, l’immigration illégale et les liens économiques. Des organisations de défense des droits humains, quant à elles, alertent sur les risques de violations liées à des politiques sécuritaires musclées, similaires à l’état d’exception appliqué par Xiomara Castro et inspiré de celui de Nayib Bukele au Salvador voisin.
Nasry Asfura prendra ses fonctions le 27 janvier 2026. Son mandat s’annonce difficile dans un pays profondément divisé, où la confiance dans les institutions reste érodée et où les tensions post-électorales pourraient perdurer. Cette élection, observée de près par la région et les États-Unis, met en lumière les enjeux persistants de gouvernance, de souveraineté et de stabilité démocratique en Amérique centrale.


























