Dans la nuit du vendredi 21 au samedi 22 novembre 2025, la base aérienne de Volkel, dans le Brabant-Septentrional, a vécu l’incident le plus grave de ce type jamais enregistré aux Pays-Bas. Plusieurs drones non identifiés ont survolé pendant près de deux heures cette installation ultrasensible – l’une des six bases européennes qui abritent, dans le cadre du « nuclear sharing » de l’OTAN, des bombes nucléaires tactiques américaines B61.
Pour la première fois, l’armée néerlandaise a ouvert le feu à balles réelles. Des militaires de la Défense et de la Koninklijke Marechaussee ont tiré avec des armes légères et des fusils de précision anti-drones. Aucun appareil n’a été abattu : les drones, décrits comme « de petite à moyenne taille » et manifestement pilotés à distance, ont exécuté des manœuvres délibérées au-dessus des hangars protégés avant de repartir en direction du nord-est.
L’incident a immédiatement provoqué la fermeture temporaire de l’espace aérien civil autour de l’aéroport d’Eindhoven, situé à une vingtaine de kilomètres. Une douzaine de vols ont été déroutés vers Amsterdam-Schiphol, Rotterdam, Bruxelles-National et Weeze (Allemagne). Le trafic a repris normalement le samedi en fin de journée.
Le ministre de la Défense sortant, Ruben Brekelmans, a confirmé samedi soir qu’il s’agissait d’une « intrusion intentionnelle » dans deux zones d’exclusion aérienne stricte : une base militaire nucléaire et le périmètre de sécurité d’un aéroport international. Il a refusé de préciser le nombre exact de drones « pour des raisons opérationnelles ».
Cet événement marque une escalade spectaculaire. Volkel avait déjà connu des survols suspects en octobre et novembre 2024, mais jamais avec usage d’armes à feu. Il s’inscrit dans une vague d’incidents similaires qui touche plusieurs pays de l’OTAN depuis l’automne : bases de Geilenkirchen et Cologne-Wahn en Allemagne, sites militaires en Suède et en Norvège.
Si La Haye reste officiellement prudente, plusieurs sources médiatiques et politiques néerlandaises (NRC, De Telegraaf, NOS) n’excluent plus ouvertement la piste d’un acteur étatique hostile, la Russie étant le plus souvent citée dans ce contexte de guerre hybride.
L’enquête est désormais menée conjointement par la Marechaussee, le service de renseignement militaire MIVD et les services alliés. Des mesures de renforcement immédiates de la protection anti-drone ont été annoncées autour de Volkel et des deux autres bases néerlandaises (Leeuwarden et Gilze-Rijen).



























