Samedi 22 novembre 2025, un prétendu « tribunal révolutionnaire » houthi à Sanaa a prononcé la condamnation à mort de 17 Yéménites, accusés d’« espionnage au profit des États-Unis, d’Israël et de l’Arabie saoudite ». L’exécution, prévue par fusillade en place publique, devrait se dérouler sur la place al-Tahrir ou sur le campus de l’université de Sanaa, conformément à la pratique des précédentes exécutions publiques. Aucune liste officielle des noms n’a été rendue publique : le communiqué se contente de qualifier les condamnés de « 17 traîtres et agents ». Ce flou n’est pas accidentel ; il permet au pouvoir houthi de frapper sans que les familles ou la communauté internationale puissent identifier les victimes ni vérifier les accusations.
Ce n’est pas un événement isolé : depuis 2021, les Houthis ont multiplié les exécutions publiques et spectaculaires, établissant un précédent inquiétant. Ainsi, le 18 septembre 2021, neuf personnes ont été exécutées à Sanaa pour l’assassinat de Saleh al-Sammad, bien que ce dernier ait en réalité été tué par une frappe aérienne saoudienne en 2018, parmi elles figurait un mineur au moment des faits. Par la suite, en janvier 2024, deux autres individus ont été exécutés pour « homosexualité » et « apostasie », tandis qu’en septembre 2024, un homme accusé de viol et de meurtre d’une enfant a été crucifié publiquement, après une procédure expéditive sans possibilité de recours.
Ces mises à mort ne sont pas le fruit du hasard. Elles sont filmées et diffusées via Telegram et WhatsApp pour maximiser l’effet dissuasif. Le message est clair : le pouvoir houthi ne gouverne plus par le consentement, mais par la terreur spectacle.
Derrière l’accusation d’« espionnage » se cache, depuis juin 2024, une réalité plus triviale : la persécution des employés yéménites d’organisations internationales. Après l’opération massive d’arrestations du 6 juin 2024 – plus de 50 personnes en une semaine, incluant du personnel du HCR, du PAM, d’Amnesty, de Save the Children ou de CARE – les Houthis traquent systématiquement les Yéménites travaillant pour des structures financées par les États-Unis ou l’Europe. Selon eux, ces ONG collecteraient des « coordonnées GPS » servant à guider les frappes américano-britanniques sur le territoire yéménite. La plupart des personnes arrêtées sont des chauffeurs, des agents administratifs ou des traducteurs, beaucoup étant torturés pour arracher des « aveux » filmés. Certains sont détenus depuis plus de 18 mois sans jugement ; les 17 condamnés du 22 novembre font probablement partie de ce lot.
Malgré les condamnations de l’ONU, qui a qualifié ces détentions d’« arbitraires » en septembre 2025, les Houthis savent qu’ils détiennent des otages de valeur. Chaque employé yéménite de l’ONU peut devenir un instrument de pression : levée de restrictions bancaires, reprise d’un vol humanitaire ou simple silence imposé aux critiques occidentales.
Si le zaïdisme traditionnel des Houthis avant 2004 a souvent été évoqué, la réalité actuelle est autre : le nord du Yémen est gouverné par un système idéologique calqué sur le modèle iranien. Des peines hudud (flagellation, amputation, lapidation) sont appliquées, même si elles restent rares en public pour ne pas choquer trop rapidement l’opinion. Ce régime est financé et armé par Téhéran, recevant drones Shahed-136, missiles balistiques et antinavires, ainsi que des milliards de dollars détournés de l’aide humanitaire via la banque centrale de Sanaa.
Le même pouvoir qui exécute 17 personnes pour « espionnage » tire quotidiennement sur des cargos civils en mer Rouge, sous couvert de « défense de Gaza ». Le résultat est implacable : une population affamée et terrorisée, prétendument défendue pour une cause palestinienne dont elle est en réalité la première victime collatérale.
Ces 17 condamnations à mort ne constituent pas un « dérapage ». Elles sont la routine d’un système qui a fait de la terreur sa méthode de gouvernement et de l’Iran son modèle absolu


























