Istanbul / Ankara, 29 novembre 2025 – Pour son premier voyage officiel à l’étranger, le pape Léon XIV a effectué une visite de quatre jours en Turquie, pays à 99 % musulman et marqué cette année par le 1700ᵉ anniversaire du concile de Nicée. Son programme a combiné symboles religieux, prudence diplomatique et messages fermes sur le pluralisme.
À Ankara, il a été accueilli par le président Recep Tayyip Erdogan au palais présidentiel. Le pape a appelé la Turquie à assumer un rôle stabilisateur dans un monde fragmenté, mettant en garde contre la « tyrannie d’une seule couleur », expression désignant les dérives uniformisantes qui menacent la diversité culturelle et religieuse. Face aux responsables politiques, à la société civile et au corps diplomatique, il a insisté sur un principe central : « la société ne peut prospérer que grâce au pluralisme ». Il a rappelé la nécessité de protéger la dignité de tous — femmes, étrangers, minorités, plus pauvres.
Erdogan, de son côté, a salué la position du Vatican sur le dossier palestinien et réaffirmé son attachement à la solution à deux États ainsi qu’au respect du statut historique de Jérusalem.
Le lendemain, à Istanbul, Léon XIV a consacré vingt minutes à la visite de la Mosquée bleue. Accueilli par le mufti d’Istanbul Emrullah Tuncel, l’imam Fatih Kaya et le muezzin Askin Tunca, il a parcouru le vaste édifice ottoman du XVIIᵉ siècle, capable d’accueillir 10 000 fidèles. En chaussettes blanches selon les usages locaux, il a privilégié un échange direct et respectueux, déclinant poliment une invitation à la prière pour se concentrer sur la contemplation du lieu.
Mais l’élément le plus remarqué du déplacement reste ce qu’il n’a pas fait : aucune visite à Sainte-Sophie, reconvertie en mosquée en 2020. À la différence de François en 2014 ou de Benoît XVI en 2006, Léon XIV a choisi d’écarter l’édifice de son itinéraire. Une décision assumée, destinée à éviter toute interprétation politique dans un contexte toujours sensible.
Ce choix s’inscrit dans une stratégie de prudence : ne pas alimenter les tensions religieuses, préserver l’espace de dialogue et renforcer la coopération avec les communautés chrétiennes et musulmanes du pays. Sa démarche, menée en lien étroit avec le patriarche œcuménique Bartholomée Ier, vise à consolider une approche œcuménique fondée sur le respect mutuel.
Ainsi, le pontificat de Léon XIV apparaît déjà comme marqué par l’humilité, la prudence et la recherche d’unité entre les religions, en plaçant le respect des traditions et le dialogue au cœur de ses premiers gestes internationaux.


























