Pour la troisième journée consécutive, l’armée yéménite a continué d’avancer vers Zinjibar, la capitale du gouvernorat du sud d’Abyan, au centre de violentes tensions entre les forces yéménites et les groupes séparatistes, dirigées par le Southern Transition Council (STC). Ces derniers se préparent également à une résistance armée dans d’autres villes du sud du Yémen.
Le climat tendu dans les régions du sud du Yémen s’est ravivé le 26 avril dernier, avec la déclaration du Conseil de transition du Sud de vouloir établir un gouvernement autonome dans le sud du pays, affirmant également l’autonomie et l’état d’urgence dans ces régions. Outre l’inquiétude du gouvernement central yéménite, cette décision a été considérée comme une violation du soi-disant accord de Riyad, conclu le 5 novembre par le gouvernement central yéménite et le STC sous l’égide de l’Arabie saoudite. Dès le lundi 11 mai, de violentes batailles ont été menées dans le gouvernorat d’Abyan et, plus précisément, dans la banlieue de Zinjibar, où l’armée du gouvernement yéménite a tenté de contrer les forces séparatistes et de reprendre le contrôle des zones précédemment perdues.
Face à ce scénario, le Premier ministre du gouvernement central yéménite, Maïn Abdelmalek Saïd, a déclaré que l’armée était prête à prendre les mesures nécessaires pour dissuader le Conseil de transition du Sud, soutenu par les Émirats arabes unis (EAU), de poursuivre ses plans, au cas où cela continuerait à rejeter les invitations internationales qui le pressent de mettre fin à l’escalade en cours et de retirer sa déclaration d’autogestion. L’objectif, a précisé le Premier ministre, est de préserver l’État yéménite, ses institutions et les intérêts de l’ensemble de la population, car la seule clé de la paix au Yémen est de mettre fin à l’insurrection des milices armées.
Parallèlement, depuis le 14 mai, les forces du gouvernement central yéménite poursuivent leur avancée vers Abyan, essayant de prendre le contrôle des zones occupées par le STC. D’une part, le colonel Muhammad Al-Awban, commandant des forces spéciales du gouvernorat, a déclaré que le centre administratif sera pris d’assaut au cours des prochaines heures et que leurs forces ont déjà réussi à prendre le contrôle de nouvelles zones et à piller véhicules militaires du Conseil de transition du Sud. D’un autre côté, des sources militaires ont ajouté que les forces gouvernementales ont ouvert un nouveau front vers Zinjibar, mettant en place un plan visant à contrer la progression des groupes séparatistes vers Shakra.
La décision du STC du 26 avril, selon certains, représentait un facteur de déstabilisation supplémentaire pour le Yémen qui, depuis le 19 mars 2015, a connu un conflit continu qui voit l’opposition des rebelles chiites houthis et des forces fidèles au président yéménite, Rabbo Mansour Hadi, le seul reconnu par la communauté internationale. Dans ce contexte, l’accord de Riyad du 5 novembre avait été défini comme un signe d’espoir pour rétablir la paix dans le pays, bien que l’objectif soit de mettre fin à la lutte pour le pouvoir dans le sud du pays et aux combats qui ont affecté les régions du sud. À partir du 7 août 2019, lorsque de violents affrontements ont commencé dans la ville d’Aden, puis se sont étendus à d’autres quartiers et villes du sud.
Il a été souligné que l’arrêt de tout type d’escalade est nécessaire pour permettre les activités d’assistance humanitaire des différents opérateurs et organisations face à la propagation croissante de Covid-19. Comme indiqué également par la commission dédiée à la lutte contre les coronavirus, l’une des principales flambées est représentée par la ville méridionale d’Aden, tandis que les cas officiellement enregistrés dans le pays s’élèvent à 86, dont 13 décès. Cependant, les régions du sud se trouvent également confrontées à d’autres maladies mortelles, telles que le paludisme, qui, selon les rapports des autorités locales, a fait environ 600 victimes depuis le début du mois de mai.
Les tensions à Aden avaient déjà exacerbé en avril 2017, lorsque le président yéménite Hadi a accusé le gouverneur de la ville, Aidarous al-Zubaidi, d’un manque de loyauté, le renvoyant de ses fonctions. Par la suite, le 11 mai de la même année, à la suite des manifestations de masse contre la destitution d’al-Zubaidi, le Conseil de transition du Sud est né, dirigé par l’ancien gouverneur d’Aden, choisi pour présider un conseil des 26 places. L’agence a immédiatement déclaré son intention de « restaurer l’état du sud » en se référant à l’ancienne république du Yémen du Sud, qui existait de 1967 à 1990. Hadi a immédiatement qualifié le STC d’illégitime. Après la création du STC en janvier 2018, Aden a été témoin d’affrontements provoqués par les forces de la ceinture de sécurité qui, dans un premier temps, ils avaient pris le contrôle du palais présidentiel et des environs. Les tensions, qui ont duré trois jours, ont fait 38 morts, mais se sont apaisées après l’intervention de la coalition internationale.
Yémen : l’armée yéménite continue son avancement vers Zinjibar
Dans: Monde Arabe