Dix militaires libanais et plusieurs manifestants ont été blessés à la suite des affrontements qui ont éclaté à Tripoli, dans le nord du Liban, dans la nuit du 26 au 27 juin. La persistance de la crise économique, caractérisée également par une dévaluation croissante de la monnaie locale, la livre libanaise, alimente le mécontentement de la population.
Dans la matinée du dimanche 27 juin, les forces de l’armée libanaise se sont déployées dans la ville de Tripoli, à proximité des principales institutions étatiques, afin d’éviter des scénarios similaires à ceux de la veille. Samedi, la population libanaise est descendue dans la rue à divers endroits, de Sidon à Tripoli, où des manifestants ont tenté de prendre d’assaut les bâtiments du gouvernement et le siège de la Banque centrale, mais ont été bloqués par les forces de l’ordre. Outre les violents affrontements, qui ont également vu l’usage de grenades et de pierres, des coups de feu ont été entendus près du domicile d’un parlementaire, Mohammed Kabbara, où l’armée a été contrainte d’intervenir. Même dans la capitale Beyrouth, il y a eu des manifestations éparses et mineures, avec de petits groupes de manifestants occupant les rues et brûlant des pneus.
La population libanaise se plaint de conditions de vie de plus en plus précaires et d’une dévaluation continue de la livre libanaise. Rien que le 26 juin, il a atteint un niveau record, atteignant un taux de change d’environ 18 000 lires contre le dollar américain sur le marché noir, bien que le taux officiel reste inchangé, soit 1 507 lires par dollar. En général, la monnaie libanaise a perdu environ 90 % de sa valeur depuis le début de la crise économique et financière, qui dure depuis une vingtaine de mois. En plus d’être la plus grave enregistrée dans le pays du Moyen-Orient depuis la guerre civile de 1975-1990, elle pourrait être pour la Banque mondiale l’une des trois pires crises enregistrées au niveau international au cours des 150 dernières années. La rareté des produits de première nécessité, essence et médicaments en premier lieu, alimente le mécontentement.
Des sources du secteur pétrolier ont mis en garde contre une crise du carburant, qui pourrait avoir de graves conséquences pour les hôpitaux, les usines et les centrales électriques, menaçant les secteurs les plus pertinents du système économique libanais.