Le 23 décembre 2025, la Libye a été frappée par une tragédie qui secoue profondément l’institution militaire et l’ensemble du pays. Le général Mohammed Ali Ahmed Al-Haddad, chef d’état-major général des forces armées libyennes sous le gouvernement d’unité nationale basé à Tripoli, a trouvé la mort dans le crash de son avion peu après son décollage d’Ankara, en Turquie. Avec lui, plusieurs hauts responsables militaires et un photographe ont également perdu la vie, portant à huit le nombre total de victimes, dont les trois membres d’équipage.
Le jet d’affaires Dassault Falcon 50 immatriculé 9H-DFJ avait quitté l’aéroport international Esenboğa d’Ankara à 20h10, heure locale, en direction de Tripoli. Moins de quarante minutes plus tard, le contact avec le contrôle aérien a été perdu. Selon les autorités turques, l’appareil avait signalé une urgence due à un dysfonctionnement électrique et demandé un atterrissage d’urgence. L’avion a disparu des radars alors qu’il entamait sa descente et l’épave a été localisée dans le district de Haymana, à environ cinquante kilomètres au sud-est d’Ankara, près du village de Kesikkavak. Des témoins ont décrit une forte explosion et des images diffusées par les médias turcs montrent une lueur intense dans le ciel, signe d’un impact violent.
Le Premier ministre libyen, Abdelhamid Dbeibah, a annoncé la nouvelle avec émotion sur sa page Facebook : « C’est avec une profonde tristesse et une grande affliction que nous avons appris le décès du chef d’état-major général de l’armée libyenne, le général de corps d’armée Mohammed Al-Haddad, lors d’une tragédie aérienne survenue lors de son retour d’une mission officielle à Ankara. » Il a souligné que cette perte représente « une grande affliction pour la patrie » et rendu hommage aux victimes, des « hommes qui ont servi leur pays avec loyauté et dévouement ».
Parmi les autres victimes figuraient :Le général Al-Fitouri Ghraybel, chef d’état-major de l’armée de terre ;Le brigadier Mahmoud Al-Qatioui, directeur de l’Autorité de l’industrie militaire ;Mohamed Al-Assaoui Diab, conseiller du chef d’état-major ;Mohamed Omar Ahmed Mahjoub, photographe au bureau médiatique du chef d’état-major.
Originaire de Misrata, le général Al-Haddad avait été nommé à son poste en août 2020 par l’ancien Premier ministre Fayez al-Sarraj. Figure centrale des forces alignées sur le gouvernement reconnu par l’ONU à Tripoli, il jouait un rôle clé dans les efforts de stabilisation militaire d’un pays toujours marqué par la division depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011. Sa visite à Ankara s’inscrivait dans le cadre d’une coopération militaire étroite entre la Turquie et Tripoli, Ankara étant un allié majeur fournissant soutien logistique, drones et instructeurs. Le général avait été reçu avec les honneurs par son homologue turc, le général Selcuk Bayraktaroglu, et le ministre de la Défense Yasar Guler, pour discuter du renforcement de la coopération militaire et des enjeux régionaux.
Même le maréchal Khalifa Haftar, figure dominante de l’est libyen et rival historique du gouvernement de Tripoli, a exprimé sa « profonde tristesse » et présenté ses condoléances, soulignant l’impact de cette perte au-delà des divisions internes.
Les autorités turques ont ouvert une enquête immédiate : quatre procureurs ont été désignés et la présidence turque a confirmé qu’une panne électrique était la cause probable de l’urgence. Les conditions météorologiques, bien que pluvieuses, n’étaient pas considérées comme un facteur aggravant majeur. Le gouvernement libyen a décrété trois jours de deuil national et dépêché une délégation à Ankara pour suivre les investigations.
Cette tragédie survient dans un contexte délicat pour la Libye, où les efforts de réunification des forces armées restent précaires. La perte simultanée de plusieurs hauts gradés constitue un coup dur pour l’institution militaire de l’ouest et pourrait compliquer les négociations en cours. La Turquie, pour sa part, renforce son rôle de médiateur, multipliant les contacts avec les deux camps libyens.
À ce jour, aucune hypothèse autre qu’un accident technique n’a été officiellement avancée, bien que l’enquête se poursuive. Ce drame rappelle les risques liés aux déplacements de hauts responsables dans des contextes instables et soulève à nouveau la question cruciale de la sécurité aérienne pour les délégations officielles.

























