Alger, 6 novembre 2025 – Dans la salle de conférence de l’ambassade du Soudan à Hydra, les murs semblent retenir leur souffle. Sur l’écran géant, des images atroces défilent, gravées dans l’esprit de chacun : des combattants des Forces de soutien rapide (FSR), kalachnikov en bandoulière, exécutent froidement des civils agenouillés dans le sable brûlant du Darfour. Des femmes, des enfants, des hommes âgés, fauchés sans pitié. Chaque image, chaque cri silencieux, raconte l’horreur d’un conflit qui ne connaît ni lois ni frontières.
Khaled Hassan Naïm, chargé d’affaires de l’ambassade du Soudan à Alger, a pris la parole avec gravité : « Ce que vous voyez n’est pas un montage. Ce sont les FSR elles-mêmes qui fournissent ces preuves de leurs crimes. Elles filment et diffusent leurs exécutions sur les réseaux sociaux, comme une démonstration de force macabre. Et pourtant, la communauté internationale regarde ailleurs. »
Le diplomate a dénoncé l’implication de forces étrangères dans cette violence. Selon lui, les Émirats arabes unis fourniraient armes et logistique à la milice, tandis que des mercenaires venus du Tchad, du Mali, du Niger et même de Colombie participeraient aux massacres. « À El Fasher, elles tuent systématiquement, empêchent toute fuite et privent les populations des moyens les plus élémentaires pour survivre », affirme-t-il.
Salma Ishaq, ministre d’État soudanaise au Bien-être social, a raconté les récits glaçants de survivants. « Dans les deux premiers jours de leur arrivée à El Fasher, les FSR ont tué près de 300 femmes. Elles ont été victimes de violences sexuelles, de tortures et d’humiliations. Des familles entières ont été décimées. Il s’agit d’un nettoyage ethnique planifié. »
Elle ajoute que la fuite des populations est quasi impossible : « La route qui mène de El Fasher à Tawila est devenue une route de la mort. Les enlèvements, les viols, les tortures se poursuivent sans interruption. Des familles entières restent piégées dans l’angoisse et la terreur. »
Depuis avril 2023, le conflit entre l’armée régulière et les FSR a fait plus de 20 000 morts et déplacé plus de 15 millions de personnes, selon les Nations unies et des sources locales. Le ministre soudanais de la Défense, le lieutenant-général Yassin Ibrahim Yassin, a lancé un appel à la mobilisation populaire pour défendre l’unité du pays, tout en soulignant l’importance de l’engagement de la communauté internationale pour protéger les civils.
Face à l’escalade des violences, le gouvernement soudanais exhorte le monde à agir. L’Algérie, pays voisin, a déjà apporté une aide humanitaire saluée par Khaled Hassan Naïm. « Mais cela ne suffit pas. Chaque jour qui passe, des innocents sont assassinés. La communauté internationale doit cesser de tergiverser et agir immédiatement », insiste-t-il.



























