Le football turc, reconnu pour ses derbys enflammés et ses stades bouillonnants, traverse aujourd’hui une crise sans précédent. Alors que sur le terrain les équipes continuent d’offrir un spectacle captivant, une ombre inquiétante plane sur le championnat : des centaines d’arbitres ont été impliqués dans des paris sportifs interdits, mettant en péril l’intégrité même du jeu.
Selon une enquête interne menée par la Fédération turque de football (TFF), 371 arbitres sur 571 possèdent des comptes de paris, et 152 parient activement sur les matchs qu’ils sont censés arbitrer. Certains chiffres donnent le vertige : un arbitre a placé plus de 18 000 paris, dix autres plus de 10 000, et quarante-deux ont parié sur plus de 1 000 rencontres différentes. Ce phénomène, loin d’être isolé, révèle un problème structurel profond dans le corps arbitral turc, où la tentation des gains rapides semble avoir pris le pas sur l’éthique sportive.
Face à cette révélation, la TFF a pris des mesures immédiates, 149 arbitres ont été suspendus, certains à titre provisoire, tandis que des enquêtes disciplinaires sont en cours pour d’autres. Mais cette affaire ne se limite pas à des sanctions individuelles. Elle soulève des questions plus larges sur la gouvernance du football turc, un système déjà fragilisé par des scandales de corruption, des violences endémiques dans et autour des stades, et des liens anciens avec des réseaux mafieux.
Le scandale a non seulement révélé de graves problèmes d’intégrité dans les compétitions, mais a également confirmé les avertissements précédemment lancés par l’entraîneur portugais José Mourinho lors de son passage à Fenerbahçe.
Les critiques de Mourinho, qui visaient à plusieurs reprises la « fédération corrompue », ont mis en lumière des problèmes qui dépassaient le simple cadre des erreurs sur le terrain.
Les enquêteurs ont découvert que certains arbitres pariaient sur des matchs nationaux et internationaux. Dans un cas extrême, un seul arbitre avait placé plus de 18 000 paris, illustrant l’ampleur du scandale.
En réponse au scandale, la Fédération turque de football (TFF) a annoncé avoir officiellement lancé des procédures disciplinaires strictes à l’encontre de tous les arbitres impliqués. Conformément au règlement de la TFF, tout arbitre surpris à parier s’expose à une suspension pouvant aller jusqu’à un an.
Cependant, l’affaire pourrait prendre une autre tournure selon le règlement de la FIFA, qui prévoit des suspensions allant jusqu’à trois ans pour les arbitres impliqués dans des paris, ainsi que des amendes pouvant atteindre 95 000 £.
Le président de la Fédération turque de football, İbrahim Hacıosmanoğlu, a reconnu la gravité de la situation : « Si nous voulons redonner au football turc la place qui lui revient, nous devons éradiquer toute corruption. C’est une mesure difficile, mais nécessaire. »
Le président de Fenerbahçe, Sadettin Sarar, a déclaré : « Cet incident est choquant, mais révélateur. C’est extrêmement regrettable et triste pour le football turc, mais c’est aussi un point positif, car la vérité finit par éclater. On ne peut construire un avenir juste sans affronter cette réalité. »

























