Le ministère français des Affaires étrangères confirme l’arrestation en Iran d’une chercheuse franco-iranien à l’Institut d’études politiques de Paris, Fariba Adelkhah. Cette arrestation est due probablement suite aux tensions entre Téhéran et les capitales occidentales à propos du traité nucléaire avec l’Iran. Le président français est « très inquiet » à ce sujet.
Le ministère français des Affaires étrangères n’a pas précisé la date de la détention de Fariba Adelkhah. Plusieurs médias iraniens, basés à l’étranger, disent que c’était « il y a trois semaines ». Sur le site web officiel du gouvernement, un porte-parole, Ali Rabiï, a déclaré qu’il ne disposait d’aucune information sur cette arrestation et qu’il ne savait pas « qui l’avait arrêtée ni pour quelle raison ».
Toutefois le magazine le Point à Paris, affirme que la chercheuse Fariba Adelkhah aurait été arrêté le 7 juin. Alors que, le site iranien des droits de l’homme, Gozaar, indique qu’elle a été arrêtée par le garde de la révolution, (la police idéologique iranienne). « Elle est actuellement détenue dans la prison d’Evin, mais elle reçoit des visites de sa famille », a déclaré l’un de ses collègues enquêteurs.
Par ailleurs Emmanuel Macron se dit « très inquiet ». En effet, les autorités françaises « ont fait des démarches auprès des autorités iraniennes pour obtenir des informations sur la situation et les conditions de la détention de Mme Adelkhah et pour demander un accès consulaire à son compatriote, mais n’ont à ce jour reçu aucune réponse satisfaisante », a déclaré le ministère français des Affaires étrangères dans un communiqué.
« La France demande aux autorités iraniennes de faire toute la lumière sur la situation de Mme Adelkhah et réitère ses demandes, notamment celle d’une autorisation immédiate d’accès consulaire », insiste le ministère.
Bien qu’elle est chercheuse au Centre de recherches internationales (CERI) de Sciences Po-Paris, docteur en anthropologie de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) à Paris, Fariba Adelkhah, 60 ans, collabore avec plusieurs revues scientifiques, elle est l’auteur de nombreuses publications sur l’Iran et l’Afghanistan, selon le site Web de l’Institut d’études politiques.
Cependant, plusieurs hypothèses peuvent expliquer la détention de la chercheuse. En fait, au moment de son arrestation, Fariba Adelkhah était en Iran pour effectuer des travaux de recherche. Il s’intéressait au séminaire Qom, l’un des plus importants centres d’éducation chiite au monde. Mais il existe des problèmes sensibles, voire des tabous, dans la République islamique, et la recherche sur les écoles théologiques en fait partie, explique un spécialiste iranien qui exige l’anonymat. De même, travailler sur les femmes, les minorités ethniques ou le Guide suprême gêne particulièrement les autorités de Téhéran, en particulier en ce qui concerne un institut de recherche étranger, ajoute le même expert.
Un autre expert en République islamique considère la détention de Fariba Adelkhah est comme un possible message à Paris. Il se déroule dans un contexte de tensions dans les relations entre Téhéran et les pays occidentaux. Les pays européens, y compris la France, qui a envoyé un émissaire dans la région, tentent de réduire les tensions. Dans un pays où plusieurs pouvoirs coexistent, certains rejettent l’initiative française, explique ce même spécialiste qui souhaite également rester anonyme.