La junte militaire de Guinée a annoncé que l’ancien président Alpha Condé , déposé le 5 septembre dernier et placé en état d’arrestation, a été ramené au domicile de son épouse dans une banlieue de la capitale, Conakry. L’ancien dirigeant guinéen a été détenu, d’abord, au siège du Groupement des forces spéciales, puis, au palais Mohammed V, qui abrite la présidence. Ici, après le coup d’État, le colonel Mamadi Doumbouya a pris ses fonctions, qui a dirigé le coup d’État et s’est proclamé diriger le pays.
La résidence de l’épouse fait partie de la cité dite ministérielle, constituée des quartiers de fonction évacués par les anciens ministres de Condé après le coup d’État. La junte, qui s’est elle-même baptisée Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD), a assuré qu' »elle continuera à assurer à l’ancien chef de l’Etat un traitement digne de son rang, et ce sans aucune pression nationale ou internationale ». La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) avait imposé des sanctions aux putschistes et appelé à la « libération inconditionnelle » du président. En outre, l’organisation avait suspendu la Guinée du blocus et convoqué des élections dans les six mois.
Le président Condé avait remporté un troisième mandat présidentiel lors d’une élection très disputée en octobre dernier après avoir approuvé une nouvelle constitution en mars 2020 qui lui a permis de contourner la limite de deux mandats présidentiels consécutifs. La décision a déclenché de vives protestations dans et autour de la capitale et des dizaines de personnes ont été tuées au cours des manifestations, entraînant souvent des affrontements avec les forces de sécurité. Des centaines d’habitants avaient été arrêtés. Néanmoins, Condé, 83 ans, a été réinstallé à la présidence du pays le 7 novembre de l’année dernière. Ancien militant de l’opposition lui-même, il est devenu le premier président de Guinée démocratiquement élu en 2010, avant d’être réélu une deuxième fois en 2015. Les critiques l’accusent d’avoir viré à l’autoritarisme durant les années de sa présidence. Une grande partie du mécontentement à l’égard de Condé proviendrait alors de sa faible capacité à unir la population, où la plupart des habitants sont de l’ethnie Peul mais gouvernés par la minorité ethnique Malinke. Cependant, le colonel Doumbouya fait également partie de ce dernier groupe.