Deux ans et demi après l’explosion dévastatrice du port de Beyrouth qui a fait plus de 200 morts, tous les suspects sont à nouveau libres. Le procureur général libanais Ghassan Oweidat a ordonné leur libération mercredi, selon des sources judiciaires hier. La décision est un autre revers pour les enquêtes déjà lentes sur la catastrophe. Elle survient également deux jours après que le juge Tarek Bitar a repris l’enquête après plus d’un an d’impasse. Il a porté des accusations contre huit suspects, dont le procureur général Oweidat.
Parce que plusieurs ex-ministres accusés avaient porté plainte contre Bitar, l’enquête avait été suspendue pendant 13 mois. Une cour de cassation devrait en fait décider si le juge doit quitter son poste en raison de l’allégation de partialité. Un verdict n’a pas encore été rendu. Oweidat a maintenant annoncé une action en justice contre Bitar.
De nombreux Libanais sont en colère et blâment les dirigeants politiques pour la catastrophe survenue en août 2020. Les enquêtes de Bitar menacent plusieurs politiciens de haut rang. Son prédécesseur avait déjà dû quitter son poste suite aux plaintes de plusieurs anciens ministres.
Les proches des victimes, parmi lesquels Bitar jouit d’une grande confiance, ont menacé de manifester hier. La décision d’Oweidat était « une honte pour toutes les victimes », a déclaré Nancy Noun, dont le frère est mort dans l’explosion alors qu’il travaillait comme pompier, au dpa. « Nous ne resterons pas silencieux. »