Dans le royaume de Mickey, ce paradis des paradoxes, il faut bien l’admettre, l’Algérie se distingue une fois de plus. Car c’est là-bas que nos concitoyens se livrent à une compétition acharnée pour un sachet de lait ou une poignée de patates, se battant comme des chiens pour la dernière croquette. Et si par malheur vous osez leur ouvrir les yeux sur la vérité, leur expliquer que Chengriha, Tebboune et leur bande sont responsables de notre misère, de notre soif, et de l’état désastreux dans lequel nous pataugeons, vous verrez la réaction d’un citoyen berné. Le voilà qui monte sur ses grands chevaux, son visage s’enflant comme une pastèque trop mûre, ses oreilles s’étirant comme des élastiques trop tendus, et ses yeux qui s’embrasent, criant à pleins poumons : « Vive mon oncle Tebboune ! On ne va pas rester là à se tourner les pouces ! ».
C’est une énigme, une vraie devinette, à laquelle même les plus fins sociologues et les psychiatres les plus pointus n’ont pas la solution. Nous sommes embourbés jusqu’au cou, et personne ne peut pointer du doigt le palais d’El Mouradia sans risquer de se noyer dans la boue. Les généraux, eux, ont toujours des justifications alambiquées, et les citoyens, naïfs, finissent par y croire. « C’est un complot contre le grand peuple algérien », disent-ils.
Ah, ce grand peuple algérien ! Une citoyenne algérienne, dans un élan désespéré, a même choisi de mettre au monde son enfant sur un radeau de la mort, fuyant ce pays où ses dirigeants prétendent faire mieux que la Suisse et la Suède. Elle a sacrifié l’avenir de son bébé pour le jeter en Europe, espérant qu’il y trouverait un père plus digne que celui que nous rejetons tous. Soit il aurait coulé dans les abysses, libéré du cauchemar algérien, soit il aurait été secouru par les garde-côtes espagnols à Almería, comme cette mère courageuse et son nouveau-né. Mais si par malheur leur radeau avait croisé celui des garde-côtes algériens, ils auraient été abattus sur-le-champ, comme cette famille algérienne sacrifiée dans un acte de négligence totale envers la vie de ses propres concitoyens. Et même si un citoyen voulait fuir ce pays maudit, les balles des garde-côtes algériens le ramèneraient en morceaux dans son propre pays.