À Abou Dhabi, le 10 juillet, des dizaines d’opposants politiques et de militants de la société civile ont été condamnés à des peines de prison sévères, allant jusqu’à la perpétuité. Ce procès, marqué par une grande opacité, a suscité de vives critiques de la part des défenseurs des droits de l’homme, dénonçant la politique de « tolérance zéro » des Émirats arabes unis (EAU) à l’égard de la dissidence.
Le procès, qui s’est déroulé sur sept mois, a impliqué 84 accusés, dont plus de la moitié ont été condamnés à perpétuité. Les charges portées contre eux incluaient la fondation ou le soutien à une « organisation terroriste », identifiée comme Al-Islah, la branche locale des Frères musulmans. Ce mouvement, autrefois influent au sein de l’appareil d’État émirati, a subi une répression sévère au cours de la dernière décennie, notamment en réponse aux révoltes arabes de 2011.
Les autorités émiraties ont justifié ces condamnations par la nécessité de prévenir des incidents violents visant à déstabiliser la monarchie. Toutefois, pour de nombreux observateurs et défenseurs des droits humains, ce procès reflète une stratégie répressive visant à étouffer toute forme d’opposition. Les accusations de subversion, similaires à celles de 2013, ont été portées sans nouvelles preuves tangibles, et de nombreuses irrégularités ont été signalées dans les procédures judiciaires, notamment des aveux obtenus sous la torture, l’isolement carcéral et des restrictions d’accès aux dossiers pour les avocats.
Le timing du procès, coïncidant avec la COP28 accueillie par les EAU, met en lumière un paradoxe frappant. D’un côté, les Émirats se positionnent en leaders mondiaux sur des questions telles que le climat, cherchant à améliorer leur image internationale. De l’autre, ils continuent de réprimer sévèrement la dissidence interne. Cette dualité pose des questions sur la réelle volonté des EAU de respecter les normes internationales des droits de l’homme.
La récente vague de condamnations d’opposants politiques et de militants de la société civile aux Émirats arabes unis souligne la persistance d’une politique de répression intense contre toute forme de dissidence. Malgré les avancées proclamées dans divers domaines, le respect des droits de l’homme reste un défi majeur pour les EAU. La communauté internationale, tout en reconnaissant les efforts des Émirats sur certains fronts, doit continuer à faire pression pour que les droits fondamentaux des individus soient respectés et protégés.