L’annonce du gouvernement du Soudan du Sud sur l’examen de la faisabilité des élections prévues en décembre met en évidence les défis majeurs auxquels le pays est confronté. Ce processus, censé marquer la fin de la période de transition instaurée par l’accord de paix de 2018, pourrait être une nouvelle fois retardé, exacerbant les incertitudes qui entourent l’avenir politique de la nation la plus jeune du monde.
Le Soudan du Sud, indépendant depuis 2011, reste plongé dans une instabilité persistante. Après une guerre civile dévastatrice entre les factions rivales dirigées par Salva Kiir et Riek Machar, qui a fait environ 400 000 morts et des millions de déplacés, le pays s’est engagé dans un processus de paix en 2018. Ce processus inclut la formation d’un gouvernement d’union nationale et la promesse d’élections. Cependant, les promesses de paix ont été entachées par des retards répétés et des difficultés dans la mise en œuvre des conditions nécessaires à des élections libres et équitables.
La faisabilité des élections de décembre est remise en question par de nombreux facteurs. Malgré les assurances de Salva Kiir quant à la tenue des élections, aucun progrès significatif n’a été réalisé en matière de préparation électorale. La création d’un Conseil des partis politiques et d’une commission électorale n’a pas encore conduit à des actions concrètes, et l’inscription sur les listes électorales, annoncée pour début juin, est bloquée. De plus, le pays est confronté à des défis économiques majeurs, notamment la perte de revenus pétroliers cruciaux après des dommages infligés à un oléoduc par des conflits au Soudan voisin.
La situation humanitaire est également alarmante. Selon Nicholas Haysom, l’envoyé des Nations unies pour le Soudan du Sud, la combinaison de crises économiques et humanitaires, notamment la menace de famine due aux inondations, pose un risque imminent pour le pays. Les conditions de vie se détériorent rapidement, avec une potentielle inondation dévastatrice prévue pour septembre, ce qui pourrait aggraver encore la situation.
La pression monte pour que le gouvernement fasse preuve de transparence et d’efficacité dans la préparation des élections. Le manque de progrès et les difficultés économiques risquent non seulement d’ébranler les perspectives électorales, mais aussi d’échouer à répondre aux besoins humanitaires urgents. Comme l’a souligné Haysom, les coûts de l’inaction dans ce contexte critique pourraient compromettre les efforts de transition politique et dépasser les capacités de réponse des Nations unies.
En résumé, la faisabilité des élections de décembre au Soudan du Sud est de plus en plus incertaine, en raison de la confluence de défis politiques, économiques et humanitaires. Le succès de ce processus dépendra de la capacité du gouvernement à surmonter ces obstacles et à démontrer un véritable engagement envers une transition politique pacifique et inclusive.