Le 18 septembre 2024, le procureur général vénézuélien, Tarek William Saab, a demandé l’arrestation du président argentin Javier Milei dans le cadre de l’affaire de l’avion vénézuélien saisi à Buenos Aires en juin 2022 et remis aux États-Unis. Cette requête, riche en implications politiques et diplomatiques, accentue les tensions croissantes entre le Venezuela et l’Argentine, avec des répercussions potentielles significatives sur la scène internationale.
L’incident remonte au 8 juin 2022, lorsque les autorités argentines ont immobilisé un avion-cargo vénézuélien sur leur sol. L’équipage, composé de 19 personnes, a été retenu puis libéré, parmi lesquelles se trouvaient quatre Iraniens, dont un ancien commandant des Gardiens de la Révolution, une organisation classée comme terroriste par les États-Unis. Les États-Unis ont ensuite demandé la saisie de l’appareil, arguant qu’il avait été vendu en violation des sanctions américaines par la compagnie aérienne iranienne Mahan Air à Emtrasur, une filiale de la compagnie publique vénézuélienne Conviasa.
Le parquet vénézuélien accuse Javier Milei, ainsi que Karina Milei, secrétaire générale de la présidence argentine, et Patricia Bullrich, ministre de la Sécurité argentine, de divers crimes, notamment vol aggravé, blanchiment d’argent, privation illégale de liberté, et association de malfaiteurs. Cette accusation est également accompagnée d’une demande de nomination d’un « procureur spécialisé » pour enquêter sur des violations des droits humains présumées commises par les autorités argentines sur le sol vénézuélien.
L’Argentine a rapidement rejeté ces mandats d’arrêt, arguant que la séparation des pouvoirs en vigueur dans le pays contredit les pratiques au Venezuela, où la séparation des pouvoirs est souvent perçue comme floue sous le régime de Nicolás Maduro.
Les relations entre l’Argentine et le Venezuela sont particulièrement tendues. Le Venezuela a rompu ses relations diplomatiques avec plusieurs pays d’Amérique latine, dont l’Argentine, suite à la non-reconnaissance par ces pays de la réélection controversée de Maduro. L’Argentine a également été impliquée dans des soutiens à l’opposition vénézuélienne, aggravant encore les tensions.
Cette affaire met en lumière non seulement la fracture idéologique entre Milei et Maduro, mais aussi les défis diplomatiques complexes que ces accusations représentent. L’usage de la compétence universelle par le Venezuela pour poursuivre Milei pourrait exacerber les tensions diplomatiques et compliquer davantage les relations entre les deux pays.
L’exigence d’arrestation de Javier Milei par le Venezuela est une escalade significative dans les tensions entre Caracas et Buenos Aires. Elle illustre les tensions géopolitiques complexes qui marquent les relations internationales dans la région, où les accusations d’atteintes aux droits humains et les litiges diplomatiques s’entrelacent avec des considérations géopolitiques plus larges. Cette situation pourrait avoir des répercussions sur la politique étrangère argentine, les relations diplomatiques avec les autres pays latino-américains, et l’équilibre régional des pouvoirs.